PREFACE.
Table des matières Le livre que je publie est, en grande partie, un résumé de tout ce qui a été écrit au Canada relativement à nos fautes contre la langue française (la liste des ouvrages mis à contribution est donnée plus bas). Quelques ouvrages français, qui traitent des locutions vicieuses en usage en France, ont été consultés. J'ai ajouté un assez grand nombre de termes locaux, que j'avais commencé à recueillir il y a quelques années.
Afin de ne pas surcharger ce dictionnaire, je ne corrige pas les fautes que font seules les personnes sans instruction, ni les fautes qui se commettent dans l'emploi des mots techniques des professions et des métiers; à moins que ces mots n'appartiennent au domaine public.
Il nous faut apprendre le français tel qu'il existe en France. Il ne peut être question pour nous de créer une langue spéciale. Je suis forcé de condamner, bien à regret, une foule d'expressions employées ici tous les jours, mais qui ne sont plus correctes parce qu'elles ont vieilli ou changé de signification. Si nous commençons à nous écarter, de propos délibéré, du véritable français, tel qu'il est parlé et compris de nos jours, en conservant nos archaïsmes, où nous arrêterons-nous?
Il est inutile d'ajouter que je ne condamne pas les mots de la langue canadienne qui n'ont pas d'équivalents en France.
Nous somme obligés d'apprendre l'anglais. Apprenons-le bien. Mais quand nous parlons le français, évitons d'y mêler des mots à moitié anglais. Je signale avec soin les anglicismes, cette plaie de notre langue.
Le génie d'une langue ne peut s'apprendre dans les dictionnaires, a-t-on dit. C'est vrai. Mais avant d'essayer de nous pénétrer du génie de la langue française par la lecture des bons auteurs, débarrassons-nous au moins des fautes grossières que nous commettons contre elle. Ce petit dictionnaire nous aidera, j'espère, à atteindre ce but.
M. Fréchette a recueilli des notes très complètes sur notre langue canadienne. Je le remercie de tout cour de me les avoir communiquées. Elles m'ont été bien utiles. Elles contiennent un grand nombre d'expressions vicieuses qui ne sont pas mentionnées dans les autres ouvrages.
Le dictionnaire est divisé en plusieurs parties. Il s'est glissé quelques erreurs dans la disposition des articles. Il a été difficile, dans certains cas, d'établir une ligne de démarcation entre la première et la deuxième partie.
La première partie contient nos fautes contre la langue française, et leurs corrections.
La deuxième partie contient les mots dont le genre est douteux ou quelquefois changé; la définition des mots qu'on peut confondre à cause de leur synonymie ou de leur paronymie; les difficultés et les règles relatives à nos fautes contre la langue. J'ai ajouté quelques articles oubliés dans la première partie, préférant les donner hors de leur place, plutôt que de ne les pas donner du tout.
La troisième partie traite de la prononciation. Je ne cite que les mots que nous prononçons mal, et nos principaux défauts de prononciation. Ces défauts sont: 1o de faire ordinairement a trop grave (V. A); 2o de ne pas prononcer g assez de la gorge (V. G); 3o de ne pas faire sentir les consonnes d, l, m, n, r, lorsqu'elles sont doubles; 4o de mal prononcer les diphthongues oi, un. (V. Oi, Un).
Nous commettons beaucoup de fautes de prononciation par une négligence inexcusable.
Quatrième partie. Nous nous servons tous les jours de la langue anglaise; ce qui nous fait parfois mal épeler un mot français parce que son orthographe ressemble à celle du mot anglais correspondant. J'ai recueilli ces termes paronymes, retranchant ceux qui sont employés rarement.
La cinquième partie donne les mots dont l'accent circonflexe est quelquefois oublié.
LISTES DES OUVRAGES CONSULTÉS.
Table des matières OUVRAGES CANADIENS.
Manuel des Difficultés les plus communes de la Langue Française, suivi d'un Recueil de Locutions Vicieuses.
Québec, 1841; l'Abbé T. Maguire, V. G.
Recueil des Expressions Vicieuses et des Anglicismes les plus fréquents.
Québec, 1860; par un membre de la Société Typographique de Québec.
Le Mémorial des Vicissitudes et des Progrès de la Langue Française en Canada.
Montréal, 1879; Bibaud.
L'Anglicisme, voilà l'Ennemi.
Québec, 1880; J. P. Tardivel.
Glossaire Franco-Canadien et Vocabulaire de Locutions Vicieuses usitées au Canada.
Québec, 1880; Oscar Dunn.
Petit Vocabulaire à l'usage des Canadiens-Français.
Trois-Rivières, 1880; l'Abbé N. Caron.
Manuel des Expressions Vicieuses les plus fréquentes.
Ottawa, 1880; J. F. Gingras.
Dictionnaire des Locutions Vicieuses du Canada (lettre A).
Québec, 1881; J. A. Manseau.
Anglicismes et Canadianismes.
Québec, 1888; A. Buies.
Fautes à Corriger.
Québec, 1890; Alphonse Lusignan.
La Langue Française au Canada.
Québec, 1890; Napoléon Legendre.
A propos d'Education.
Montréal, 1893; Louis Fréchette.
Notre Langue Technique (Conférences).
Québec, 1890; C. E. Gauvin.
Dictionnaire Canadien-Français.
Montréal et Boston, 1894; Sylva Clapin.
"Corrigeons-nous" de "La Patrie."
Montréal, du 18 juillet 1893 au 6 juillet 1895; Louis Fréchette.
Notes, contenant environ 4500 mots, recueillies par M. Fréchette, et mises à la disposition de l'auteur.
OUVRAGES FRANÇAIS.
Du Bon Langage, et des Termes et des Locutions Vicieuses à éviter.
Paris, 1876; comtesse Drohojowska.
Les Omnibus du Langage avec le Corrigé des Locutions Vicieuses.
Paris; D. Lévi Alvarès, père.
2000 Locutions et Fautes à corriger.
Paris. Collection "Cent Bons Livres."
Petit Dictionnaire raisonné des Difficultés et Exceptions de la Langue Française.
Paris, 1886; Soulice et Sardou.
R. R.
Montreal, juillet 1896.
DICTIONNAIRE
- DE -
NOS FAUTES
CONTRE
La Langue Française.
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A.-On entend souvent l'expression: Sept à huit personnes. C'est une faute. Il faut dire: Sept ou huit personnes. Voici la règle: entre deux nombres consécutifs, il faut employer la conjonction ou lorsque le substantif qui suit est indivisible, et à s'il est divisible: Il y avait sept ou huit personnes. Il y a cinq à six lieues. Dans cette dernière phrase, on devra dire: cinq ou six lieues, si l'on veut spécifier que c'est l'une ou l'autre de ces deux quantités.
Ne dites pas: j'ai plusieurs endroits à aller; mais: il me faut aller à plusieurs endroits.
à matin, à soir, sont des expressions fautives que l'on entend tous les jours pour ce matin, ce soir.
On doit dire: cent bottes de foin par et non à l'arpent.
C'est une faute d'employer à, aux, pour de lorsqu'il s'agit de désigner la substance qui compose un mets. Il faudra dire: compote de pommes; marmelade de pêches; confitures d'abricots; fricassée de poulet; gelée de veau, pâté de lièvre, salade de homard, etc. L'emploi de à indique que la substance mentionnée n'est qu'un accessoire, ou désigne la manière dont un mets est apprêté: omelette aux fines herbes, gelée au rhum, macaroni au gratin.
Cette laitue monte à graine, à la graine, sont des expressions fautives. Il faut dire: Cette laitue monte en graine.
On ne doit pas dire: il insiste, il demande, il consent à ce que vous veniez; mais: il insiste que ou pour que, il demande que, il consent que vous veniez.
A ne saurait être employé pour de exprimant un rapport de possession. Le pré d'un tel, et non: le pré à un tel. L'Académie fait une exception pour la locution populaire: La barque à Caron. On emploie aussi quelquefois à, dans ce cas, par plaisanterie.
Il faut dire: ne servir de rien, et non: ne servir à rien. Cela ne sert de rien d'essayer de le convaincre.
Ne dites pas: Il est parti à Québec, mais pour Québec.
AA1, A1.-Ces expressions anglaises peuvent se traduire par marqué à l'A. Larousse dit: "Proverbe. C'est un homme marqué à l'A. Se dit d'un individu d'une haute probité, d'un noble caractère, d'une intelligence distinguée. Ce proverbe a été emprunté des...