Les semis se font vers la fin de mai. Quand la plante a atteint environ 8 à 10 centimètres de hauteur, elle est repiquée dans les jardins. Les pieds sont placés à environ 30 centimètres les uns des autres. Cette opération s'effectue généralement dans les premiers jours de juillet. La floraison a lieu en août, et les fruits arrivent à maturité en octobre et en novembre.
Les indigènes mangent cette tomate crue ou cuite, et, dans ce dernier cas, elle leur sert surtout à assaisonner leur riz. Nous avons souvent, au cours de nos voyages, mangé de ce riz ainsi préparé, et nous l'avons toujours trouvé plus savoureux. Cette espèce tient, par sa tige, ses feuilles et ses fleurs, au groupe Melongena du genre Solanum.
Il existe encore dans toute cette région une solanée qui donne de magnifiques petits fruits rouges de la grosseur d'une cerise et que l'on trouve en abondance sur tous les marchés du Soudan. C'est la tomate cerise. Elle croît partout en grande quantité, et, dans beaucoup de villages, elle tapisse les clôtures en bambous des jardins. Son port est absolument le même que celui de nos tomates des climats tempérés. Sa feuille et sa fleur ont les mêmes caractères. Elle se développe spontanément et n'a besoin d'aucune culture. Les indigènes la mangent crue, ou bien s'en servent comme condiment. Son goût aigrelet et rafraîchissant la fait rechercher des Européens, et il n'est pas de poste où elle ne paraisse, chaque jour, régulièrement sur la table. On la mange comme hors-d'ouvre avec ou sans sel, ou bien en salade, ou bien en omelette. Elle entre également dans la composition d'un excellent potage.
Nous croyons, à ce sujet, devoir mentionner ici combien dans les pays chauds notre tomate d'Europe dégénère, afin de bien faire ressortir que ce fruit, tel que nous l'obtenons, n'est absolument qu'un produit de la culture. La première année, les plantations donnent un fruit absolument identique quant à la forme, à la grosseur, au goût et à la couleur, à notre tomate. Si on sème, l'année suivante, les graines récoltées sur place, on n'obtient plus qu'une tomate de la grosseur d'une noix au plus et dont la forme, au lieu d'être discoïde, est devenue parfaitement oblongue. L'acidité est moins prononcée aussi. Semons des graines de cette dernière récolte, et nous n'avons plus alors que la tomate cerise. Quels que soient les procédés de culture que l'on emploie, c'est à cet inévitable résultat que l'on arrive toujours fatalement. Nul doute que le climat et la nature du sol n'influent sur ces transformations rapides. Deux années suffisent pour ramener la plante améliorée par la culture à l'échantillon origine. Nous avons observé le fait sur bien d'autres végétaux, et nous sommes persuadé que, sous les climats tropicaux, tout ce qui vit et se cultive sous les climats tempérés ne tarde pas à s'étioler et à dégénérer. Le règne végétal suit en cela les mêmes règles que le règne animal.
Oignon. - Cette plante potagère est surtout cultivée par les peuples de race mandingue. On n'en trouve que rarement et en très petite quantité dans les villages de race peulhe. Autour des villages bambaras et malinkés, on trouve bon nombre de petits carrés de jardins ensemencés avec soin. On choisit, de préférence, une terre riche en humus. Elle est proprement préparée et on n'y voit jamais le moindre brin d'herbe. Les semis sont faits avec la plus grande régularité et chaque pied distant de son voisin de 25 centimètres. Plantés vers la fin de l'hivernage, en octobre, la récolte se fait vers la fin de décembre. Chaque jour, les femmes et les enfants, à l'aide de calebasses, procèdent à l'arrosage. Ils se servent de ce légume pour assaisonner leur couscouss. L'oignon du Soudan est bien plus petit que celui de nos climats tempérés. La grosseur est à peu près celle d'une noix. La saveur est excessivement sucrée, et il est très recherché par l'Européen qui s'égare dans ces contrées. Avec les queues, on assaisonne les omelettes, les sauces, et les bulbes sont mangés en salade ou comme condiments. C'est pour l'estomac de l'Européen, délabré par le climat et la mauvaise alimentation, un des meilleurs excitants de l'appétit et surtout le plus inoffensif.
Le Manioc (Manihot edulis, H. Bn.) est assez rare dans le bassin de la Gambie. On ne le trouve guère que dans les régions les plus méridionales. La variété à laquelle il appartient est le manioc doux. Les maniocs vénéneux y sont relativement rares. Les indigènes le plantent par bouture, chaque année, au commencement de la saison des pluies. Les tubercules sont bons à manger vers la fin de février. La tige vit plusieurs années, mais elle se dessèche pendant l'hivernage. Les tubercules, au contraire, se conservent parfaitement dans la terre pendant toute la saison sèche, et émettent de nombreux rameaux qui se flétrissent à leur tour. Mais les tubercules de deux ou trois ans deviennent durs et coriaces. C'est pourquoi il est préférable, pour la consommation, de les cueillir chaque année et de multiplier la plante par boutures. Les indigènes mangent le manioc bouilli et mélangé à leur couscouss ou simplement cuit sous la cendre. Dans tous les jardins de nos postes, il est cultivé avec succès. Ses tubercules sont d'excellents légumes pour les potages, et je me souviens avoir mangé à Kita des galettes frites à la poêle et faites avec de la farine de manioc, du sucre et des jaunes d'oufs. Elles étaient absolument savoureuses et n'auraient été déplacées dans aucune de nos meilleures pâtisseries. On sait combien le tubercule du manioc ordinaire (M. edulis, Plum.) est vénéneux, et quelle est la préparation qu'il faut lui faire subir pour le rendre inoffensif. Il est connu que, dans le manioc doux, le principe nuisible est très peu abondant et que la cuisson suffit pour le faire disparaître. On ne saurait en nier l'existence, car les animaux eux-mêmes sont incommodés s'ils mangent simplement les feuilles, et meurent empoisonnés s'ils boivent le suc extrait du tubercule. Le manioc appartient à la famille des euphorbiacées. Il affectionne surtout les climats pluvieux et est précieux par ce seul fait que son tubercule se conserve longtemps dans la terre. Quant à l'aliment qu'il donne, il se digère facilement, est très rafraîchissant, mais possède peu de principes nutritifs.
L'Igname (Dioscorea alata, Plum.), de la famille des dioscorées (monocotylédones) est peu cultivée. La variété que l'on rencontre donne un tubercule ovoïde, aplati, de couleur noirâtre, en général, peu apprécié des indigènes. Quoi qu'il en soit, cette plante alimentaire prospère à merveille dans toute la région sud du bassin de la Gambie.
Les Courges et Calebasses sont partout cultivées en grande abondance dans tous les villages. Les courges sont généralement semées au pied des cases au début de la saison des pluies. Elles rampent sur les toits qui, en peu de temps, finissent par disparaître complètement sous leurs larges feuilles. Les fruits sont comestibles et cueillis au commencement de la saison sèche, vers la fin d'octobre. Il en existe un grand nombre de variétés; la plus commune, le Lagenaria vulgaris, Ser., sert à faire des vases et des bouteilles. Les indigènes connaissent les propriétés thérapeutiques des graines de courges et les utilisent, dans certaines régions, pour expulser le ténia, qui y est très commun.
Le Calebassier (Crescentia Cujete, L.) est, au contraire, cultivé en pleine terre dans les lougans. Son fruit est comestible et sa coquille, coupée en deux, sert de vase et d'ustensile de ménage.
Le Gombo (Hibiscus esculentus, L.), de la famille des malvacées, se cultive surtout dans les jardins. C'est une plante annuelle qui atteint de grandes dimensions. Elle aime les terrains humides et riches en humus. On la sème vers le commencement de juillet et ses fruits sont cueillis et mangés au commencement de la saison sèche. Dès que les pluies ont cessé, la plante se dessèche rapidement et meurt. Les graines germent très rapidement et, en trois mois, le développement est complet. Les fruits sont oblongs et ont environ 10 centimètres de longueur sur 3 ou 4 de largeur. La coque porte des côtes très marquées suivant lesquelles elle s'ouvre quand elle est sèche. Elle est très pointue au sommet et couverte de poils. On mange les fruits quand ils sont encore jeunes. Si alors on en sectionne un transversalement, on trouve les graines noyées dans une pulpe blanchâtre, visqueuse. A la cuisson, cette pulpe se transforme en une sorte de mucilage peu savoureux. Elle disparaît quand le fruit est sec. Les indigènes mangent le gombo bouilli avec du riz, du couscouss, de la viande ou du poisson. Cuit à l'eau et assaisonné ensuite à froid, à l'huile et au vinaigre, on en fait une salade qui n'est pas dédaignée des Européens.
Dans cette catégorie de plantes, nous citerons pour mémoire l'arachide (Arachis hypogæa, L.) dont les graines constituent un précieux aliment. Dans le cours de ce mémoire, nous ferons de ce végétal une étude aussi approfondie que possible.
Le M'Bolon-M'Bolon est une petite plante herbacée de la famille des légumineuses, qui croît dans le Tenda, le Dentilia, le Konkodougou, le Diébédougou, etc., et dont les indigènes utilisent les feuilles et les jeunes pousses comme condiments. Elle peut atteindre au maximum 30 à 40 centimètres de hauteur. Tige...