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Dans la langue courante, l'acronyme4 (groupe d'initiales, que l'on peut aussi appeler « sigle ») est désormais substitué à une locution intelligible dont il dérive. Ces acronymes sont inventés par des économistes, des experts*5, des lobbies, des politiques, des groupes constitués, ou des sachants*, qui choisissent d'employer des dénominations abstraites plutôt que des mots intelligibles par le commun* des mortels : on dit ARSE pour ? ADALIS pour ? CLSH, CRPC, BIC, MES, OCLAESP, PSP, SPI, pour ? À vous, lecteur, de deviner sans le secours d'un moteur de recherche numérique. Cet usage des acronymes est, au sens propre du terme, un jargon*, « une langue factice dont les gens d'une même cabale conviennent, afin qu'on ne les entende pas6 ». L'emploi d'un jargon*, par des groupes particuliers, n'est pas nouveau : le mot est attesté au XIIIe siècle. Ce qui est nouveau, c'est la docilité, voire la propension collective à employer des acronymes, au quotidien. L'acronyme est concis, certes, mais pour combien d'entre nous n'est-il pas abscons ? On peut se demander pour quelles raisons, le jargon* des élites* ou des spécialistes* s'est diffusé depuis les deux dernières décennies du XXe siècle dans la langue courante, sans injonction, ni contraintes autoritaires : chacun de nous emploie nombre d'acronymes, bon gré, mal gré, souvent pour ne pas passer pour démodé, réactionnaire, vieux*, ignare, voire idiot.
Pour mieux comprendre l'imprégnation de la langue commune par les acronymes, et ses effets, on peut s'interroger sur les causes qui en justifient l'usage. Les acronymes courants peuvent être regroupés en deux catégories : soit ils tendent à éloigner une crainte ou une peur en évitant d'en nommer l'objet, soit ils permettent de détourner l'attention, ou d'écarter des jugements réservés, défavorables. Dans la suite de ce Petit Abécédaire, le lecteur trouvera quelques entrées pour des cas exemplaires où l'usage de l'acronyme recèle et révèle une crainte (entrées IVG et SIDA/MERS/COVID), d'autres où l'emploi d'un acronyme abstrus permet de faire diversion (entrées EHPAD, GAFAM, IVG, LBD, LGTB, MST, OGM, PAT). Le lecteur pourra continuer l'exercice avec d'autres exemples et rester attentif à ce que recèle, ou révèle, d'une façon de penser la multiplication des acronymes abstraits et sibyllins. La généralisation de ce jargon* ne serait-elle pas un signe de soumission à une pensée forgée par des élites* et les lobbies ? Il semble que peu importe.
L'acronyme permet le tour de force de désigner, sans recourir ni à l'étymologie, ni à la description, ni à la référence : parce qu'il distend le lien entre le mot et la chose, l'estompe, ou le masque, il est d'un usage commode pour éloigner les indésirables quand il sert de jargon* aux élites*, experts* ou autres sachants*. Son entrée triomphale dans la langue courante est un signe de difficultés communes* à composer avec des peurs, avec la réalité, avec autrui. En d'autres temps, Victor Klemperer avait analysé avec acuité comment le vocabulaire - dont l'invention d'acronymes - mis à l'honneur par le régime nazi avait été un outil efficace de manipulation et d'emprise sur la pensée et les croyances communes*. Il avait parodié l'usage que le régime national-socialiste faisait des acronymes en intitulant son ouvrage paru en 1947 : LTI-Lingua Tertii Imperii7. La langue peut être un vecteur efficace de diffusion d'idéologies, ou une « machine à décerveler8 ». Pourquoi ne pas y prêter attention ?
Proposition
D'une manière générale, s'abstenir d'employer les acronymes, pour éviter le cas échéant des comportements d'autruches, ou de perroquets des lobbies. Retrouver la capacité d'appeler un chat un chat, de relier les mots au réel et le réel aux mots. Faire l'inverse de ce que fait par exemple un président de la République, suivi par des ministres : dans leurs discours et déclarations officielles, les mots ont valeur de réalité. Des expressions du type « le temps est venu de faire, d'agir », « lancement d'un nouveau processus », ou même « j'irai au bout de ce contrat moral qui nous lie9 », peuvent n'être suivies d'aucune mesure concrète, voire être infirmées quelques semaines plus tard par les décisions du gouvernement et du parlement. Ce procédé qui accorde aux mots énoncés une action sur le réel s'appelle une incantation. Ne conviendrait-il pas de se garder de la pensée magique, qui peut être un leurre, une duperie, ou un attrapenigaud ?
Dans la pensée commune*, le mot désigne les procédés informatiques qui organisent, analysent et traitent les data*. Depuis le milieu des années 2010, il est passé du langage mathématique et cybernétique (voir entrée Data-Données) à la langue commune*, très commune même : depuis qu'il a quatre ans, mon petit fils dit parfois qu'il « dessine des algorithmes », quand il s'amuse avec papier, pinceaux et peinture. Il ne faut pas voir là un quelconque signe de précocité chez cet enfant, mais la preuve de l'imprégnation commune* par la pensée - donc la langue - dominante, celle des GAFAM* en particulier. Pour mémoire, on rappellera l'origine et la définition de ce terme désormais galvaudé.
ALGORITHME. Le mot fait référence à l'invention de la numération décimale par les savants musulmans. « Anciennement. Système de numération décimale en chiffres arabes. [.] Ensemble des règles opératoires intervenant dans toute espèce de calcul.? » Par extension, « Mécanisme réglant le fonctionnement de la pensée organisée et s'explicitant par des représentations analogues à celles des mathématiciens.? » Le mot (sous la forme « algorisme ») est employé par Rabelais (1534) au sens de « l'arithmétique, l'art du calcul en général (Rabelais, Gargantua, 12 [.] : Ces enfans deviendront grands en algorisme)? ». Algorithme est emprunté à l'espagnol « alguarismo, attesté au sens de "art de compter, arithmétique" depuis 1256-76 (Libros del Saber de Astronomia) [.] L'espagnol alguarismo est issu de l'arabe Al uwarizmi, littéralement "celui de Huwarizm" [territoire de l'Asie Centrale, actuel Ouzbekistan], surnom d'Abdallah Muhammad ibn Musa? », mathématicien-astronome du IXe siècle, dont les traités, traduits de l'arabe en espagnol, ont fait connaître l'arithmétique dans l'Europe médiévale.
Depuis la fin du XXe siècle, le mot « banlieue », quand il est employé au pluriel, avec l'article défini, et dans l'absolu, désigne les grands ensembles de barres d'immeubles situés en périphérie des villes, dont les habitants ont, pour la plupart, des revenus modiques et un accès difficile à l'éducation, aux transports, au travail. Avant que l'expression « les banlieues » ne passe dans la langue commune*, via les politiques et les medias*, on disait « les cités », ou « les quartiers10 », deux dénominations elles aussi employées au pluriel et dans l'absolu11. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'expression « les quartiers » est l'antonyme implicite d'une autre qui, elle, a droit à un qualificatif : les « beaux quartiers ». La...
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