Schweitzer Fachinformationen
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Lorsque fut créée la Mission française des fouilles de Tanis (MFFT) en 1964, le professeur Jean Yoyotte, qui venait de succéder à Pierre Montet à la direction du site, entreprit de recouvrer et de rassembler au sein du Centre Wladimir Golénischeff - base parisienne de la mission rattachée à la Section des Sciences religieuses de l'École pratique des hautes études (EPHE) - la majorité des fonds anciens qui s'y rapportaient, particulièrement celui issu des travaux menés par son prédécesseur entre 1928 et 1956. Les circonstances liées à la vie et à la carrière de Montet, à celles de ses collègues, assistants et amis, aux pratiques en usage chez les éditeurs ou encore aux bouleversements dus à la Seconde Guerre mondiale puis au coup d'État égyptien de 1952, avaient en effet entraîné une sérieuse dispersion de matériaux originaux, manuscrits ou photographiques.
Si la considérable masse documentaire produite par P. Montet et son équipe avait déjà, pour l'essentiel, été regroupée par l'ancien chef de mission et confiée à son successeur1, une partie d'entre elle demeurait toutefois en possession des familles de ses collaborateurs d'antan, notamment celle de Jean-Louis Fougerousse, l'architecte présent à Tanis durant les campagnes de 1931 à 1939.
Au milieu des années 1970, vraisemblablement suite au décès de Marie Bruère-Fougerousse (1887-1973), veuve de l'architecte, l'une de ses filles, Mme Geneviève Caron-Fougerousse, fit don au Centre Wl. Golénischeff des annales tanites qu'elle avait pu retrouver dans les papiers personnels de son père2. Constitué de nombreux plans et dessins, d'albums photographiques, de notes manuscrites et de deux aquarelles, cet ensemble très important - bien qu'incomplet - vint enrichir substantiellement les données auparavant réunies par J. Yoyotte. Les archives de Fougerousse rejoignirent celles de la Mission Montet et furent soigneusement inventoriées, classées et identifiées. Le « dossier Fougerousse » fut donc, à partir de ce moment, considéré comme clos et certaines pièces, provenant de ces archives ou de collections privées, purent être utilisées par les chercheurs ou présentées au public lors d'expositions ou de publications ultérieures3.
L'apparition d'un document d'aspect anodin permit incidemment de le rouvrir quarante ans plus tard. Alors que débutait la numérisation systématique du fonds photographique de la Mission Montet conservé au Centre Wl. Golénischeff - tâche qui m'avait été confiée par M. François Leclère, directeur de la MFFT depuis 20144 -, l'oil acéré de Mme Hélène Virenque, chargée de collections à la Bibliothèque nationale de France et ancienne collaboratrice du Centre, repéra en février 2015, sur un catalogue de vente à l'Hôtel Drouot5, la mise aux enchères prochaine d'une photographie ainsi légendée : «Anonyme. Pied colossal, Tanis. Tirage argentique monté sur carte postale, 1934. 79 x 106 mm » (fig. 1). Après qu'elle nous en informa, une rapide consultation de notre base de données permit de constater qu'une épreuve très ressemblante figurait dans les albums de tirages de la Mission Montet. Il ne faisait donc guère de doute que le nouveau cliché émanait de l'un des membres de ladite mission, ce que semblaient confirmer à la fois la date de rédaction de la carte postale et la présence, à l'arrière-plan de l'image, d'une ouvrière du chantier vidant son couffin de déblais. Restait à en identifier l'auteur.
Fig. 1. Carte postale datée du 28 avril 1934 (© Coll. privée).
En 1934, la mission de Tanis se composait de Pierre Montet, de son épouse Théodora accompagnée de leurs trois fillettes, de l'égyptologue et abbé Paul Bucher, de la dessinatrice Lucienne Epron, de l'architecte Jean-Louis Fougerousse et enfin du chef de travaux Georges Goyon. La signature étant tronquée et quasi-illisible au dos de la carte, et le nom de son destinataire n'évoquant aucun lien connu avec l'égyptologie, il fallut s'en remettre à un examen graphologique et aux indices présents dans le court message manuscrit. La formule de courtoisie « Meilleurs hommages », dont la rédaction est étymologiquement et par convenance réservée aux personnes de sexe masculin, excluait d'emblée la possibilité qu'elle pût avoir été exprimée par Théodora Montet ou Lucienne Epron. L'écriture n'était pas celle, bien connue et attestée, du directeur de la mission, ni celle de G. Goyon, facilement identifiable également. Deux candidats restaient donc en lice : l'abbé P. Bucher et J.-L. Fougerousse, dont les calligraphies présentaient de nombreux points communs. La solution apparut finalement grâce à l'observation comparée de plusieurs documents présents dans les archives du Centre Wl. Golénischeff, signés de la main de Jean-Louis Fougerousse (fig. 2).
Que le lecteur veuille bien excuser cette abondance de détails, mais ce sont eux qui m'incitèrent à reprendre le « dossier Fougerousse » pour aboutir en définitive au présent ouvrage. Sans qu'elle s'en soit doutée en nous communiquant l'existence de cette carte postale, c'est bien Hélène Virenque qui est à l'origine du récent regain d'intérêt envers les archives de l'architecte de la Mission Montet. C'est donc vers elle que se dirigent naturellement mes premiers remerciements. Quo sunt Cosaris, Cosari !
Fig. 2. Détails de la signature de Jean-Louis Fougerousse : en haut, sur la carte postale de 1934, au milieu et en bas, sur deux documents conservés dans les archives de la Mission Montet (Dessin MM 358 [1931] et Plan MM inv. 2013-104 [1939]) (© Coll. privée et EPHE, PSL Centre Wl. Golénischeff).
Quelques mois plus tard, en octobre 2015, cinq aquarelles attribuées à Jean-Louis Fougerousse furent proposées sur un incontournable site de vente aux enchères en ligne. Renseignements pris, elles me conduisirent jusqu'à un antiquaire de Bretagne, qui me confirma la provenance et l'authenticité des ouvres, dont il possédait encore de nombreux exemplaires. Encouragé par cette heureuse découverte, je me lançai dans une enquête généalogique afin de retrouver la trace des descendants de l'architecte, dont les noms apparaissaient dans l'introduction de l'ouvrage publié en 1998 par Jean Yoyotte et Camille Montet-Beaucour6. Grâce aux données disponibles sur internet - outil dont ne disposaient pas nos prédécesseurs avant le début des années 1990 ! - et à une courte notice biographique rédigée par une autre de ses filles, Mme Marguerite Staritzky-Fougerousse, à l'intention de J. Yoyotte et C. Montet-Beaucour lors de la préparation du livre précédemment cité, il me fut relativement aisé de reconstituer l'arbre de descendance de Fougerousse. De ses cinq enfants, aucun n'était plus en vie, mais je pus entrer en contact, durant l'année 2016, avec quatre de ses petits-enfants qui, tous, me réservèrent un chaleureux accueil et me permirent d'accéder aux archives de leur grand-père. Quelle ne fut pas ma surprise - et ma joie ! - en découvrant les véritables trésors qu'elles renfermaient encore ! Si le fonds déposé par Madame Caron-Fougerousse au Centre Wl. Golénischeff était de première importance d'un point de vue archéologique, ceux présents dans les autres branches de la famille recelaient une documentation artistique d'une insoupçonnable richesse : des croquis et aquarelles par centaines, réalisés pour la plupart par Jean-Louis Fougerousse durant ses neuf campagnes passées à Tanis, immortalisant les ouvriers et ouvrières du chantier, en les nommant parfois. Quelques pages inédites de son journal de fouilles, un volumineux dossier consacré à un secteur précis du site, de nouvelles photographies, l'esquisse d'un article inachevé, un agenda personnel et une abondante correspondance échangée avec P. Montet et d'autres contemporains complétaient ce fabuleux ensemble. Il ne pouvait et ne devait pas rester ignoré des égyptologues, car il éclairait d'un jour nouveau certaines pages méconnues de l'histoire des fouilles et de l'équipe de...
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