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Depuis 1492 et Christophe Colomb (et probablement même avant cette date), les voyages au long cours de plus de trois mois se sont considérablement développés, à la conquête du monde : Vasco de Gama, Magellan, Jacques Cartier, Drake, Cook, Bougainville et La Pérouse. Rien que l'évocation de ces grands marins nous transporte dans un monde qui nous paraît aujourd'hui aventureux, romanesque et quelque part merveilleux. Mais cette épopée maritime s'est aussi accompagnée de désastres sanitaires considérables.
Le premier, et le plus connu, est celui du scorbut, la peste de mer, déficit en vitamine C lié à la malnutrition et à l'absence de consommation de produits frais. Cette histoire est exemplaire à plus d'un titre, que ce soit au niveau des errances de la pensée médicale à travers les siècles ou des expériences tellement modernes que cette carence a également suscitées. Les premiers symptômes du scorbut surviennent après environ trois mois de mer. Déchaussement des dents, purulence des gencives, hémorragies, touchent alors de nombreux marins et conduisent à la mort de milliers d'entre eux par anémie et surinfections. Des flottes entières sont décimées avant que l'anglais Hawkins, en 1593, ne découvre qu'en mangeant des fruits frais et en buvant du jus de citron, les effets de cette terrible maladie disparaissent comme par enchantement. Vers 1600, une centaine d'années après le début de cette épidémie, un traitement efficace est trouvé, sans connaître la cause de la maladie et le mécanisme du traitement. Le savoir se propage de manière certaine, puisque, par exemple, en 1604, François Martin de Vitré mentionne dans une Description du premier voyage fait aux Indes Orientales qu'il « n'y a rien meilleur pour se préserver de ceste maladie que de prendre souvent du jus de citron ou d'orange ». Mais le pouvoir thérapeutique du jus de citron est attribué à l'acidité du jus et donc vite remplacé, déjà peut-être pour des raisons économiques, dans la Marine anglaise, par une potion acide, l'élixir vitriolique. Cette méprise fait réapparaître le scorbut au sein des armées navales anglaises, alors qu'il avait totalement disparu, si bien qu'entre 1740 et 1744, la flotte d'Anson voit les deux tiers de ses marins mourir du scorbut. Il faut saluer ici le médecin de la Royal Navy James Lind qui mène alors une expérience cas/témoins très moderne, à bord du vaisseau Salisbury: il sépare douze malades du scorbut en six groupes de deux et donne un traitement différent à chaque paire de marins malades : de l'élixir vitriolique (acide sulfurique dilué), traitement préconisé dans la Royal Navy, mais inopérant ; de l'eau de mer ; un mélange fait d'ail, de moutarde et de raifort ; du vinaigre (pour son acidité, comme l'élixir de vitriol et le jus de citron, qui était considérée comme l'élément traitant) ; du cidre ; deux oranges et un citron. Après quinze jours de traitement, l'amélioration de l'état des malades n'est remarquable que chez ceux qui ont absorbé les oranges et le citron : «Les deux qui firent usage des oranges et des limons reçurent le soulagement le plus prompt et le plus sensible ; un de ceux-là fut en état de remplir ses devoirs au bout de six jours : à la vérité, les taches répandues sur son corps n'avaient pas entièrement disparu et ses gencives n'avaient pas repris leur état naturel ; mais [...] il fut parfaitement guéri avant d'arriver à Plymouth le 16 juin. Le second fut le mieux rétabli de tous ceux qui étaient dans le même état.» Cependant, Lind rattache la cause principale du scorbut à l'air froid et humide et ne semble pas avoir vu ni compris l'intérêt et la portée des conclusions thérapeutiques de son expérimentation. Son expérience reste donc inaudible et laisse de marbre l'Amirauté qui ne change aucune disposition, en maintenant le traitement réglementaire. Il faut attendre 1793, soit 50 ans plus tard, pour que Gilbert Blane, médecin de l'Amiral Rodney, réussisse à convaincre celui-ci d'appliquer la méthode de Lind, soit une distribution préventive de 2 cuillerées quotidiennes de jus de citron, ce qui est rendu obligatoire en 1795. Il s'en suit une réduction considérable de la mortalité au sein de la Royal Navy. Au sein des marines françaises civile et militaire, le jus de citron est également bien connu. Duhamel du Monceau, dans son traité Moyens de conserver la santé des équipages, publié en 1759, préconise aussi la prise de jus de citron et conseille d'introduire dans la ration alimentaire des légumes frais, des haricots verts, de la choucroute, de l'oseille et des artichauts. La Compagnie des Indes tient compte de ces conseils. Dès l'année 1760, le taux de mortalité à bord des navires de cette compagnie chute en dessous de 10%, alors qu'il avoisinait 25% auparavant. Malgré ce bénéfice concret, et bien que les travaux de Lind aient été publiés en français en 1771, les responsables de la santé des équipages de la Marine Royale persistent dans une vision erronée de la prise en charge des scorbutiques. Dans ses Réflexions sommaires sur le scorbut publiées en 1803, Pierre François Keraudren continue de penser que cette maladie est due essentiellement à l'humidité de l'air. Ce n'est qu'en 1856 que Gallerand, professeur à l'Ecole de médecine navale de Brest, finit enfin par faire imposer le jus de citron au sein des rations alimentaires des marins français, soit 250 ans après la découverte du traitement. Il faut noter aussi que le nom de scorbut est, à cette époque, un terme générique qui s'applique certainement à d'autres carences, comme la carence en vitamine B. En 1908, Charcot fait état de survenue chez plusieurs membres de son équipage, et sur lui-même, d'odèmes des membres inférieurs qu'il attribue à une forme de scorbut, liée à une alimentation exclusive par des conserves, mais qui ressemble plus à un béribéri, du fait de l'insignifiance de signes hémorragiques. D'ailleurs, des publications anglo-saxonnes décrivent une sorte de pathologie mal étiquetée entre le scorbut et le béribéri, appelée ship beriberi, probable mélange de carences diverses, dont celles des vitamines B et C. Beaucoup de médecins de marine se sont penchés sur le rapport entre scorbut et béribéri. En 1870, Proger, médecin de la marine néerlandaise, dans une étude sur l'origine du béribéri, arrive à la conclusion suivante: "Ce n'est qu'une variété de scorbut, comme l'a déjà dit M Hellemann dans une de ses thèses académiques, en 1852". André Autran semble toujours d'un avis similaire dans sa thèse de médecine soutenue à Lyon en 1916, intitulée Essai historique sur le scorbut et le béribéri. Il assure que "le scorbut et le béribéri, maladies distinctes quant à leur allure clinique, ont une étiologie à peu près commune. Le scorbut et le béribéri apparaissent au sein des mêmes groupements d'individus (gens de mer), dans des circonstances similaires, frappant avec prédilection les individus qui sont dans l'obligation de restreindre leur alimentation, que celle-ci fasse défaut ou qu'elle soit, surtout, trop uniforme". C'est tout de même bien vu pour une époque qui ignore encore l'existence des vitamines. Casimir Funck isole la vitamine B1 en 1912 et il faudra attendre 1928 (découverte de la vitamine C par Albert Szent-Györgyi) pour conclure définitivement cette page1.
Mais le scorbut n'est pas le seul mal à bord des navires. L'entassement, la promiscuité, l'hygiène désastreuse des marins les confinent dans un vrai bouillon de culture où les infections font rage: grippe, rougeole, variole, gale, tuberculose se propagent allègrement. L'eau du bord, vite polluée, diffuse la typhoïde et le choléra. La promiscuité avec les rats et leurs puces engendre des épidémies de peste (rappelons ici l'épidémie de peste qui ravagea Marseille en 1720, à partir d'un navire, le Grand Saint Antoine) et de typhus, la "fièvre des...
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