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Certains historiens, Michelet notamment, arrêtent l'histoire de la Révolution au 9 thermidor an II (27 juillet 1794). De fait, à cette date, la Révolution, dans sa forme démocratique, est terminée ; suivant le mot d'un thermidorien, Barère (Mémoires, t. II), « le 9 thermidor brisa le ressort révolutionnaire ».
Au point de vue du fond, au point de vue économique, les hommes de la Révolution avaient à transformer les rapports sociaux et à les adapter aux nécessités économiques de leur époque. Ils ont accompli de telle sorte la tâche qui leur incombait que, par la force des choses et malgré la puissance à certains moments des volontés hostiles à leur ouvre, celle-ci est restée debout.
Au point de vue de la forme, au point de vue politique, l'édifice de la Révolution n'a pas eu la solidité de sa base économique ; et le 9 thermidor fut le point de départ de la réaction qui devait, pour de longues années, aboutir à la chute de la République. Un aussi complet recul était-il de toute façon inévitable ? Je ne le pense pas. Car, si le fond économique sert de base aux phénomènes politiques comme aux autres phénomènes sociaux, il n'implique pas fatalement la forme sous laquelle ces phénomènes se produisent. Les fautes, en effet, sont fréquentes sans être obligatoires ; parce qu'il est possible de trouver ce qui les a déterminées, il ne s'ensuit pas toujours qu'elles dussent être forcément commises, et, quand elles l'ont été, il est bon de les signaler pour essayer d'en éviter le renouvellement. Sans doute, une organisation politique dépassant les besoins de la bourgeoisie, n'était pas viable il y a un siècle et tout ce qui, élaboré sous l'impulsion des prolétaires parisiens, maîtres un instant du mouvement, allait au delà de ces besoins, était condamné à disparaître. Il n'était au pouvoir de personne de faire vivre, après la Révolution, une République qui fût réellement la chose de tous ; en particulier, l'extrême divergence qu'il y aurait eu entre l'état arriéré de l'Europe et une République française véritablement démocratique n'aurait pas permis à celle-ci de durer. Mais la forme républicaine aurait peut-être pu persister ; or, à cette époque comme à n'importe quelle autre, il y avait, tout au moins pour l'avenir, un avantage immense au maintien de la République, quoique celle-ci eût eu nécessairement alors à abriter l'évolution grandissante du capitalisme. Le scepticisme et l'ironie de certains sur la valeur comparée de la forme monarchique et de la forme républicaine sont un indice de myopie politique lorsqu'ils ne constituent pas des paravents commodes pour dissimuler, en république, d'inavouables compromissions, en monarchie, la supériorité pénible, semble-t-il, à avouer de camarades voisins.
La cause directe de la chute de la République a été la fâcheuse extension donnée au régime de la Terreur ; mais cette extension n'a été que la conséquence dernière, dans un milieu spécial, des divisions du parti républicain devenues irréductibles ; et elles le redeviendront chaque fois que la conception de l'intérêt général et de l'intérêt bien entendu de chacun se trouvera obscurcie par la rage de dominer, par l'impatience des ambitions personnelles, par la ridicule passion d'être en évidence, par les rancunes implacables des vanités déçues ou des avidités inassouvies. Le recours à la Terreur trouve son explication dans la situation de la France menacée à l'intérieur, menacée à l'extérieur, ayant, de tous les côtés à la fois, à faire face aux plus graves périls. Au dedans, au dehors, les royalistes, criminellement alliés à l'étranger hostile, étaient acharnés à sa perte, la France républicaine ne pouvait vivre qu'en frappant leurs chefs, qu'en retenant par la crainte ceux qui avaient des velléités de devenir leurs complices ; elle ne pouvait vivre qu'en supprimant ceux qui s'efforçaient de la tuer. Et la Terreur qui n'aurait eu aucune excuse si le gouvernement révolutionnaire avait disposé d'autres moyens de maîtriser les forces déchaînées contre lui, la Terreur est justifiée tant que, dans ses applications, elle n'a été qu'un fait de légitime défense indéniable, le cas de légitime défense étant le seul qui puisse autoriser à donner la mort à un être humain.
L'intérêt même de la cause qu'on a eu raison de vouloir défendre à tout prix, exigeait qu'on n'allât pas au delà, le régime de la Terreur aurait dû, au point de vue de l'humanité comme au point de vue du succès, n'être inquiétant que pour les ennemis déclarés du nouvel ordre des choses. Dés lors, il aurait dû être appliqué dans des limites telles - frappant impitoyablement les chefs, menaçant tous ceux qui se laisseraient aller à les remplacer, épargnant les adversaires qui s'abstenaient de prendre part à la lutte - que les indifférents se sentissent par lui rassurés contre leurs maîtres de la veille dont les manouvres devaient devenir pour eux la seule chose à redouter. Malheureusement, ce qui était un moyen de défense, le seul moyen de défense efficace contre des attaques mortelles, fut exagéré, au lieu d'être restreint le plus possible ; ce moyen de défense fut, en outre, transformé en moyen de gouvernement, en moyen d'étouffer des oppositions n'ayant rien de menaçant pour le nouvel ordre des choses.
Sans doute, il y eut, aussi terribles et regrettables qu'inévitables, des explosions de fureur populaire provenant de souffrances longtemps subies et de ressentiments accumulés. Or si, au point de vue général de la justice comme au point de vue plus particulier de l'intérêt de leur cause, les hommes qui ont en ces moments la charge des affaires, doivent tenter les plus grands efforts pour empêcher de substituer les responsabilités des individus à des responsabilités de classe ou à des nécessités de situation, ils doivent aussi, quelque pénible que cela soit, savoir faire la part du feu : ils n'ont pas le droit de dépasser dans leur ouvre d'humanité le point au delà duquel leur puissance d'action générale, leur influence, seraient brisées par leur obstination à intervenir malgré tout au bénéfice d'individualités ; ils n'ont pas le droit de compromettre dans l'espoir, chimérique d'ailleurs le plus souvent en ces terribles circonstances, d'être utile à quelques-uns, l'ouvre qui leur incombe au profit de tous.
Tant qu'il y aura des privilégiés, c'est à eux surtout qu'il appartiendra de prévenir les funestes représailles ; pour n'être pas les uns ou les autres personnellement victimes le jour où sont atteints leurs privilèges, ils n'ont, tandis que ceux-ci sont intacts, qu'à en jouir sans aggraver les conditions, normales peut-on dire, d'exploitation, et sans s'inféoder à ceux d'entre eux qui les aggravent. Quand, au début ou durant le cours d'une transformation sociale, se sont déchaînées les haines particulières, il est vraiment trop commode, mais très inique, de la part des historiens, de reprocher aux principaux artisans de cette transformation d'avoir laissé faire, alors qu'ils oublient de remonter jusqu'aux vrais coupables jusqu'à ceux qui, privilégiés, ont tout fait pour fomenter ces haines et qui subissent les déplorables effets des sentiments dont ils ont été la cause et qu'il dépendait d'eux de ne pas exciter.
Quoi qu'il en soit, en dehors des chefs royalistes ouvertement rebelles ou conspirateurs que, sous peine d'effondrement, il fallait abattre sans faiblesse, en dehors des exécutions sommaires auxquelles en aucun temps on ne doit jamais pousser, bien au contraire, mais qu'il n'était absolument pas possible d'empêcher, le régime de la Terreur ne saurait se justifier à aucun titre, et il a été, pour le succès final, la pire des fautes. D'abord, par son exagération, frappant...
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