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Table des matières BACKER, mot anglais, qui signifie Parieur pour. (Voy. PARIEUR.)
BADE. Les courses de Bade sont une création de date relativement récente; elle est due à l'initiative de M. Bénazet, fermier des jeux, qui pensa, avec raison, qu'une fondation de cette nature serait une puissante attraction pour attirer à Bade toutes les individualités saillantes et cosmopolites du monde élégant. Ce projet fut presque aussitôt exécuté que conçu, grâce à la baguette magique de l'or et au concours que lui prêtèrent, en France, MM. Reiset et Mackensie-Grieves, deux des membres de la Société d'encouragement les plus honorablement connus, et dont la coopération était une garantie pour la nouvelle fondation.
Le champ de course fut placé à Iffezheim, petit village situé à deux lieues de Bade et à une lieue de la station de Oos.
La plaine où la piste est tracée doit être un terrain occupé autrefois par le Rhin, et laissé à nu par le retrait des eaux. Au moins la nature du sol très-doux, mais manquant d'élasticité, semblerait l'indiquer. Partout où il n'est pas l'objet de soins permanents, il reste profond et sujet à des infiltrations souterraines.
M. Bénazet affecta la magnifique subvention de 80 000 fr. à la dotation du nouvel hippodrome. D'élégantes tribunes furent construites. Derrière elles, mais faisant également partie de l'enceinte du pesage, on installa de confortables écuries pour que les chevaux puissent se loger sans peine à leur arrivée. Avec de semblables éléments, le succès du nouvel hippodrome était assuré : son inauguration eut lieu avec éclat le 5 septembre 1858.
Le caractère principal du programme de Bade, pris dans son ensemble, est international. C'est-à-dire qu'à l'exception de quelques prix réservés aux chevaux nés et élevés sur le continent, il reste ouvert aux concurrents de toute provenance. Le programme est, au reste, à peu près le calque de celui des réunions de Paris et de Chantilly, du moins conçu dans le même esprit, avec les modifications que comportaient le moment de la saison et la localité où plusieurs intérêts contraires étaient mis en présence.
Les deux événements principaux de la réunion de Bade sont le grand prix de Bade, d'une valeur qui, avec les entrées, peut parfois s'élever à une somme de 20 000 fr., plus un objet d'art offert par le grand-duc de Bade et le grand steeple-chase qui termine la réunion.
L'élevage de pur-sang et l'art de l'entraînement n'étant pas encore très-developpés en Allemagne, les chevaux anglais n'entreprenant qu'exceptionnellement un aussi long déplacement; toutes les courses importantes étaient, en réalité, réservées par avance aux chevaux français. Il en fut de même au début pour le steeple-chase. Mais les sportsmen allemands adonnés de préférence à cette spécialité pour laquelle ils avaient une prédilection particulière, réclamèrent, par l'entremise de leur commissaire, M. le baron de Malthzan, le droit de déterminer eux-mêmes le tracé à parcourir pour le steeple-chase.
Ils avaient assez judicieusement remarqué que nos chevaux, absolument parlant, d'une qualité supérieure aux leurs, étaient habitués à courir sur des pistes plates où l'on construisait des obstacles artificiels. Par conséquent, plus on leur susciterait des difficultés entièrement naturelles, plus, enfin, le tracé présenterait l'aspect d'une véritable «Hunting Country», pays de chasse, moins ils auraient de chance de gagner. Les chevaux allemands, au contraire, familiarisés avec les terrains de cette nature, s'y trouvaient avantageusement placés. Cette disposition est, il faut en convenir, beaucoup plus conforme à l'aspect et au but du steeple-chase.
A partir de ce moment, les choses changèrent de face, relativement au grand steeple-chase. Nos chevaux, dans le cours de ce tracé parsemé de champs labourés, plantés de topinambours et de maïs, entrecoupés de bois de marais, perdirent, en partie, leur supériorité, et la course fut presque invariablement gagnée par un cheval allemand très-médiocre en lui-même, comme Effenberg, qui gagna, deux années de suite; sur un terrain ordinaire, il n'aurait pu aller cinq cents mètres avec le moins bon de tous nos chevaux d'obstacles.
Cet état de choses avait fini par créer entre les sportsmen français et allemands une sorte d'antagonisme croissant chaque année, qui donnait, en dehors de la course même, un intérêt exceptionnel au grand steeple-chase de Bade. Cette rivalité se traduisait par des sommes considérables engagées sur celui des deux chevaux de chaque nationalité choisi pour champion. L'année où Valentino, monté par M. de Saint-Germain, tomba dans la grande rivière presqu'au début de la course, abandonnant, pour ainsi dire sans lutte, la victoire à Effenberg, les parieurs français laissèrent plus de cent mille, francs aux mains de leurs adversaires. Aussi fut-ce un triomphe bruyamment célébré , quand, en 1866, Régalia, monté par M. le vicomte Artus Talon, battit contre toute attente, au petit galop, cet invincible Effenberg, monté par un des meilleurs cavaliers allemands, M. le comte de Westphalen.
Le grand steeple-chase de Bade doit être monté par des Gentlemen-Riders (voyez ce mot). Cette condition est non-seulement rigoureusement exécutée, mais encore très-restreinte par la clause qui détermine et limite, en cette occasion, la qualité de gentlemen-rider.
Après la mort de M. Bénazet, son successeur, M. Dupressoir non-seulement continua son ouvre, mais se proposa de lui donner une extension plus grande encore. Les événements de la guerre de 1870 vinrent modifier ces projets. Les courses ne purent nécessairement avoir lieu. En 1871, elles présentèrent peu d'intérêt. Les propriétaires français, par un sentiment de réserve qu'il est aisé de comprendre, s'abstinrent d'y envoyer leurs produits, bien que, pour certaines courses, ils fussent engagés depuis longtemps. A l'exception des chevaux appartenant à M. le duc Hamilton, que sa nationalité d'Anglais affranchissait de cette abstention, aucun produit français n'a donc paru sur le terrain d'Iffezheim en 1871. Les événements survenus entre les deux pays, et la fin du bail de la ferme des jeux qui expire en 1872, marqueront probablement la fin de l'existence de la réunion de Bade, destinée à disparaître ou à devenir un hippodrome exclusivement allemand.
GAGNANTS DU GRAND PRIX DE BADE.
GAGNANTS DU STEEPLE-CHASE DE BADE.
BAI. Les anciens auteurs d'hippiatrique attachaient une assez grande importance à la robe d'un cheval. Ils y trouvaient une indication de son tempérament, de son caractère et de ses qualités. Cette opinion est aujourd'hui presque tombée en désuétude, et l'on ne s'attache généralement à la robe que pour se conformer à un certain courant de mode, nécessairement assez changeant.
La vérité pourrait bien se trouver entre ces deux opinions extrêmes. Comme principe général, le poil est évidemment un indice du tempérament de l'animal, puisqu'il est le résultat de son économie générale, et que son aspect sert fréquemment de diagnostic sur l'état de santé où il se trouve.
Quant à sa couleur, elle subit l'influence climatérique du pays où l'animal naît, vit et est élevé. Cette action s'exerçant lentement peut-être, mais sûrement sur une race tout entière, finit par généraliser dans chaque pays une couleur particulière, au préjudice des autres, qui deviennent alors des exceptions plus ou moins nombreuses. L'observation confirme notre opinion à ce sujet. En effet, une couleur particulière domine presque exclusivement dans chaque pays. En Arabie, le poil blanc ou gris et l'alezan sont les plus communs. Le bai, le noir, ainsi que les robes composées, sont beaucoup plus rares. En Russie c'est le noir qui domine.
Dans certaines parties de l'Europe occidentale, au contraire, comme la France, l'Angleterre et l'Allemagne, la robe baie existe dans une proportion anormale. La mode exerce évidemment ici une importance assez influente. L'on produit généralement ce qui se vend le mieux. Par conséquent, les éleveurs et les marchands ayant remarqué que le public avait une prédilection marquée pour cette robe, se sont efforcés, les premiers de la produire en choisissant de préférence des reproducteurs de cette couleur, les seconds en les payant un prix plus élevé.
Ce goût presque exclusif pour le poil bai, s'est considérablement accentué en France pendant la période des derniers vingt ans que nous venons de traverser. L'extension de cette mode tient au reste à un fait tout particulier. Les écuries de l'empereur Napoléon étaient exclusivement remontées en chevaux de cette couleur; sauf quelques exceptions admises en faveur des chevaux de selle, toute autre robe était rigoureusement proscrite. Le grand écuyer de l'empereur Napoléon III appliquait cette règle avec une telle sévérité, qu'il exigeait non-seulement que les chevaux admis dans les écuries impériales fussent bais, mais encore zains, c'est-à-dire sans aucune balzane, ou marque blanche aux jambes. Comme cette règle uniforme devenait assez difficile à exécuter, en raison du nombre considérable de chevaux indispensables au service, on teignait les balzanes ou les pelotes des animaux atteints de cette imperfection de convention. C'était au reste le plus grand nombre, car le cheval zain est toujours une exception, même dans la robe baie, une des moins sujettes aux bigarrures.
Le goût de l'uniformité...