MÉDITATION
Table des matières POUR LA FÊTE DE NOTRE-DAME DE BONNE-DÉLIVRANCE.
(LE 18 JUILLET. )
PRÉLUDES.
Table des matières Représentez-vous Marie promise au commencement des temps pour être la libératrice du monde, par ces paroles du Créateur, au serpent: Je mettrai une inimitié éternelle entre toi et la femme, et elle L'écrasera la tête .
Rappelez-vous les femmes fortes d'Israël, qui ont délivré leur nation; elles figuraient la femme forte par excellence, qui nous a délivrés par Jésus-Christ de l'esclavage du démon et de la mort éternelle.
Considérez Marie opérant en réalité notre délivrance, lors qu'elle donna son consentement à l'incarnation du Verbe, et la consommant sur le Calvaire, lorsqu'elle offrit son divin Fils pour le salut du genre humain.
I.
Table des matières Marie, après avoir rempli sur la terre la grande mission que Dieu lui avait donnée pour notre délivrance, est entrée dans le séjour de la gloire. Là, elle achève de réaliser d'une, manière éclatante le beau titre de libératrice du monde, en continuant ses victoires contre l'ennemi du genre humain, en détournant de l'Église tous les dangers qui la menacent.
Et d'abord Marie a délivré le monde des idoles innombrables sous la figure desquelles le démon se faisait adorer. Cet esprit de ténèbres, se rappelant la sentence qui le condamnait à être vaincu par une femme, et à voir son empire détruit par celui qui naîtrait d'elle, avait couvert la terre d'idoles, afin d'ensevelir cette femme victorieuse dans les ténèbres de l'idolâtrie, et de rendre impossible le mystère de l'Incarnation d'où dépendait la réparation de la nature humaine. C'est pourquoi sa haine attentive veillait pour surprendre et la mère et l'enfanta sa naissance; et c'est là l'objet de la vision de saint Jean dans l'Apocalypse: «Voilà
«que le dragon dressa des embûches à la
«femme qui devait enfanter, afin de dévorer
«son fils au moment de sa naissance, et il vomit
«un fleuve empoisonné pour le submerger,
«et il déclara la guerre à tous ceux de sa
«race .» Ce fleuve empoisonné signifie la multitude des fausses divinités, les honteuses superstitions, et les vices infâmes qui inondaient la terre à la naissance du christianisme, et qui se précipitèrent comme un torrent furieux pour engloutir tous ceux de la race royale du Christ. Lutte terrible qui a produit des persécutions si nombreuses et qui a coûté tant de sang à l'Eglise.
Or, Marie a triomphé de tous les efforts combinés de l'enfer. C'est elle qui a subjugué le prince de ce monde, qui a écrasé la tête du serpent, et qui a précipité dans l'abîme ce dragon superbe qui séduisait toute la terre . «Oui,
«dit saint Cyrille, c'est par vous, ô Marie, que
«les hommes plongés dans les ténèbres du
«paganisme ont ouvert les yeux à la lumière de
«la vérité ; c'est par vous qu'ils ont couru
«aux eaux du baptême pour se laver des souillures
«de l'idolâtrie; c'est vous qui avez
«renversé les temples des idoles, et, sur leurs
«débris, élevé au vrai Dieu, par toute la terre,
«des églises triomphantes .»
II.
Table des matières Le démon, ayant vu les superstitions du paganisme bannies de la terre par la puissance de Marie, a suscité les hérésies, afin de diviser et de déchirer l'Eglise qu'il n'avait pu détruire dans son berceau. L'enfer a donc vomi de son sein des légions de sectaires qui ont attaqué successivement tous les mystères du Fils de Dieu et de sa sainte mère, et qui ont rempli la chrétienté de troubles et de ravages.
Mais Marie, plus terrible qu'une armée rangée en bataille, a vaincu toutes les hérésies qui se sont succédé dans le passé, comme elle terrassera toutes celles du temps présent et à venir. Et c'est cette grande délivrance renouvelée dans tous les âges, que l'Église proclame par ce chant d'allégresse: Réjouissez-vous, ô Marie, car vous seule avez exterminé toutes les hérésies qui ont jamais paru sur la terre: Gaude, virgo Maria, cunctas horeses interemisti in universo mundo.
Non content de dévaster l'Église par le moyen des hérésies, le démon a évoqué de l'abîme d'autres adversaires non moins redoutables. Des essaims d'infidèles sont accourus, conduits par un faux prophète, et, le glaive à la main, se sont débordés comme un torrent qui a rompu ses digues, pour envahir l'héritage de Jésus-Christ. C'en était fait de la chrétienté, et le démon triomphant allait planter son étendard sur les débris de la croix, lorsque Marie, touchée des prières de l'Église consternée, a suscité des armées de soldats fidèles et des légions de chevaliers croyants qui, par des victoires successives et toutes miraculeuses, ont refoulé la barbarie loin du centre de la catholicité, et détruit pour toujours la domination féroce quelle exerçait sur l'Europe chrétienne.
C'est en mémoire de cette éclatante délivrance que l'Eglise reconnaissante a institué la fête de Notre-Dame des Victoires, et ajouté aux titres déjà si glorieux de Marie celui de secours des chrétiens, auxilium christianorum.
Après tant de défaites opérées par la puissante protection de Marie, le prince des ténèbres résolut de tenter un effort désespéré contre l'Église. Il appela à son aide le démon de l'incrédulité, et lui ordonna de frapper la France d'une plaie profonde et sanglante. Aussitôt l'ange de Satan souffle sur cette terre infortunée l'esprit d'impiété et de licence, d'orgueil et de rébellion, et soudain, les autels sont brisés, les pierres du sanctuaire dispersées, les ministres du Christ mis à mort..... O Marie! laisserez-vous périr sans défense votre nation privilégiée! voyez l'affreuse tempête qui menace d'engloutir son antique foi, héritage de plusieurs siècles. Étoile de la mer, levez-vous du sein des nuages et calmez les flots irrités! Et voilà que Marie accourt à la défense de ses enfants dont elle a entendu les cris; et bientôt le démon de l'impiété est enchaîné par une puissance supérieure; l'Eglise de France sort de la tourmente plus radieuse et plus pure; et le prince des pasteurs, frappé lui-même avec son troupeau, mais rétabli miraculeusement sur le siège de Saint-Pierre, institue dans l'Église, en reconnaissance de cette mémorable délivrance, la fête de Notre-Dame auxiliatrice.
III.
Table des matières Mais si Marie est la libératrice de l'Église et des nations chrétiennes, elle l'est aussi de chaque fidèle en particulier. Elle l'est surtout des pécheurs qui gémissent dans l'esclavage du démon. Qui pourrait énumérer les victimes qu'elle a arrachées à la cruelle domination de ce tyran des âmes, et dont elle a brisé les chaînes, les brebis égarées qu'elle a ramenées au bercail, et recueillies dans son sein maternel ouvert à tous ceux qui ont encouru la disgrâce de Dieu? Semblable à ces temples de l'antiquité qui servaient d'asile aux coupables et les protégeaient contre les poursuites de la justice, le cour de Marie est pour les pécheurs un lieu de refuge tutélaire, un asile inviolable où ils sont à l'abri des coups de la justice divine. Voilà pourquoi l'Église donne à Marie le titre de Refuge des pécheurs. Voilà pourquoi saint Ephrem l'appelle un port assuré dans les naufrages; saint Augustin, l'Unique espoir des pécheurs; saint Jean Damascène, l'Espoir de ceux qui n'en ont plus, et saint Bernard, l'Echelle des pécheurs, parce que c'est par elle qu'ils remontent à Dieu.
Mais que dire de la providence de Marie par rapport aux maux temporels des peuples? Pour célébrer tous les traits de délivrance opérés en ce genre par la puissance de son intercession, il faudrait écrire les annales de chaque nation et même de chaque cité ; il faudrait raconter l'histoire des affligés, des pauvres, des orphelins, des captifs, des opprimés, des malades, des agonisants, de tous les infortunés qu'elle a sauvés de la détresse et délivrés de la tribulation; il faudrait nommer tous les sanctuaires consacrés sous son nom dans les différentes contrées de la terre; citer ces fêtes si nombreuses instituées à son honneur, où elle est invoquée sous tant de dénominations touchantes, et qui sont des témoignages solennels de la reconnaissance des peuples qu'elle a délivrés tant de fois de la contagion, de la famine, des incendies, des inondations, des fureurs de la guerre, ou d'autres fléaux qui désolaient l'humanité.
Oui, du haut des cieux, ô Marie! vous étendez votre manteau royal sur tous ceux qui vous invoquent; vous apercevez dans la vallée des larmes, et sur la terre d'exil que vous-même avez habitée, vos innombrables enfants aux prises avec la douleur; vous les voyez lutter contre les périls et les nécessités infimes de la condition humaine; vous entendez leurs soupirs et leurs gémissements, et vos entrailles de mère en sont émues, et vous accourez à leur secours, et vous opérez en leur faveur des miracles de délivrance. C'est pourquoi l'Eglise vous adresse si souvent cette touchante prière, que nos cours répètent en ce moment:
Nous nous réfugions sous votre puissante protection, ô sainte mère de Dieu, ne méprisez pas les cris que nous font pousser les besoins et les maux qui nous pressent, mais délivrez-nous des périls continuels...