Schweitzer Fachinformationen
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Arnaud Coutant
Un corbillard traverse les rues d'une ville américaine. Soudain, derrière lui, une voiture de police apparaît et commence à le poursuivre. Au lieu de s'arrêter, le chauffeur accélère et fait tout pour semer les forces de l'ordre. Des coups de feu sont échangés entre les deux véhicules, les employés des pompes funèbres sortant des armes automatiques cachées dans le plafond du véhicule. Un accident se produit et fait cesser la poursuite. La caméra revient à l'intérieur du corbillard pour montrer un cercueil d'où s'échappent des flots de liquide. L'un des hommes ouvre le cercueil et dévoile une grande quantité de bouteilles d'alcool. Une indication apparaît sur l'image : Chicago 1929.
Il s'agit de la première scène du film Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot), réalisé par Billy Wilder en 19591. Le metteur en scène choisit comme contexte la prohibition et plus particulièrement la ville de Chicago en 1929. Nous sommes au milieu d'une période symbolique de l'histoire des États-Unis. Wilder utilise cet arrière-plan pour construire une intrigue mélangeant scénario policier, humour et références sexuelles multiples. Un autre aspect nous intéresse beaucoup plus : parmi les nombreuses séquences conçues pour ce film de cinéma, plusieurs ont pour modèle des événements qui se sont produits réellement entre 1919 et 1933.
Cet exemple illustre à merveille la nouvelle activité lancée au printemps 2024, dans le cadre du Master Droit du vin et des spiritueux, de la Faculté de droit et de science politique de Reims. Cet ouvrage est le résultat du travail de plusieurs étudiants de ce diplôme, qui, en participant à un séminaire autour de la place du droit de l'alcool en matière culturelle, ont été amenés à réfléchir sur la transposition des règles juridiques dans des objets culturels bien connus, des romans, des nouvelles ou encore des films.
Pour cette première, la période étudiée s'est presque imposée d'elle-même. La prohibition est tout d'abord une expérience juridique et politique essentielle. Pendant presque 15 ans, les États-Unis connaissent une réglementation drastique en matière de production, de commerce et de transport d'alcool. Les difficultés rencontrées pour appliquer en pratique les dispositions insérées dans la constitution des États-Unis permettent de comprendre la place du droit dans une société, fournissant pour le droit de l'alcool un exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire. La prohibition est ensuite un symbole aux États-Unis en matière culturelle. Elle a donné lieu à de multiples ouvres, allant du roman à la nouvelle en passant par les films ou encore les séries télévisées. La très grande richesse de la production concernant cette politique singulière s'explique aussi par l'existence de plusieurs époques. Une première série d'ouvres date des 15 années en question. Par la suite, parce que cette époque a fait naître une véritable mythologie aux États-Unis, une seconde série d'ouvres a vu le jour, en fonction des époques, des créateurs et des évolutions sociales.
Dans cette présentation générale, nous allons revenir sur les différentes étapes qui ont conduit à cet ouvrage, en commençant par l'idée initiale : un séminaire.
Un séminaire en droit de l'alcool
La mise en place d'une formation en Droit du vin et des spiritueux, à Reims, il y a de cela plusieurs années, est due à l'engagement et à l'implication d'un enseignant chercheur de notre université, le professeur Théodore Georgopoulos. Sa détermination a permis de faire naître un cursus original qui offre chaque année à des promotions d'étudiants l'opportunité de travailler sur le droit de l'alcool de manière générale. Les enseignements dispensés sont autant d'approfondissements juridiques et politiques, constituant une préparation d'excellence pour occuper ensuite des postes dans ce domaine particulier. Le droit de l'alcool comporte de multiples facettes, y compris en ce qui concerne son rattachement national, puisqu'on ne peut l'aborder sans comprendre les dispositions françaises, sans analyser les réglementations européennes et même sans ouvrir le sujet à des études internationales et étrangères.
Au début de l'année 2023, nous avons évoqué avec le professeur Georgopoulos la possibilité d'ajouter un axe supplémentaire à la réflexion des étudiants du Master. Un séminaire a ainsi vu le jour autour d'une perspective nouvelle et originale : s'interroger sur la place du droit de l'alcool dans la culture. De multiples possibilités existaient en la matière. Un choix a été fait : identifier chaque année une thématique, proposer aux étudiants de travailler sur cette thématique à partir d'un ensemble d'ouvres et organiser ensuite une présentation du résultat.
Le 12 mars 2024, une présentation publique a eu lieu dans l'amphithéâtre recherche de la faculté. En tant qu'animateur, j'avais encadré les étudiants dans leur travail initial et j'ai eu le grand plaisir de les accompagner dans cette restitution. Avant d'en venir aux différentes interventions, j'évoquerai la philosophie générale de cet ouvrage est de ce qui constitue bel et bien une recherche en droit, plus précisément d'ailleurs en droit de l'alcool.
Droit et.
Les points de suspension sont essentiels dans l'intitulé de ce paragraphe. De fait, rapprocher le droit de l'alcool et la culture s'inscrit dans une perspective beaucoup plus large qui nous emmène de nouveaux aux États-Unis, cette fois au début du XXe siècle.
La première étape nous conduit à rencontrer un personnage fascinant, un professeur de droit, également doyen de sa faculté à cette époque, rattaché à l'université Northwestern, à Chicago. Ce professeur s'appelle John Henry Wigmore2. Spécialiste du droit de la preuve, mais aussi comparatiste passionné, Wigmore s'interroge sur le contenu des études de droit et sur la nécessaire intégration des juristes dans la société à laquelle ils appartiennent par nature. Selon lui, un juriste, surtout aux États-Unis, ne peut en aucun cas remplir correctement son rôle social s'il n'a pas conscience de l'environnement dans lequel il va travailler. Les études juridiques sont indispensables. Cependant, elles ne sont que le premier pas. La maîtrise des réglementations, la connaissance des procédures, le recours possible à l'ensemble des fondements juridiques, tout cela ne fait pas un bon juriste. Ces aspects sont nécessaires. Ils ne deviennent pertinents que si le juriste en comprend toutes les dimensions. Pour cela, Wigmore souhaite intégrer aux études de droit une perspective complémentaire, en partie extérieure, jouant avec l'interdisciplinarité. Parce qu'une société donne naissance à une certaine forme culturelle, en l'occurrence à l'époque de ce personnage la littérature, la culture constitue un reflet des structures humaines dans leur ensemble. Étudier les ouvres littéraires permet donc de comprendre le regard que des individus portent sur le droit de leur époque, en analysant les positions qui sont effectuées, par l'intermédiaire d'un certain nombre de critères. Wigmore identifie ainsi quatre critères principaux : la description d'une profession juridique, l'intégration dans l'intrigue d'un procès, la mise en avant d'une procédure judiciaire ou policière et un débat autour d'un point de droit. À partir de ces quatre critères, identifie des listes de romans qu'il qualifie de juridiques et qui, selon lui, doivent être lu par toute personne qui souhaite faire une carrière juridique. Cette première étape conduit à la naissance d'un véritable mouvement de réflexion, dénommée « droit et littérature ». À l'époque de Wigmore, certaines figures du monde judiciaire vont adhérer à cette logique, à commencer par Oliver Wendell Holmes junior, membre éminent de la cour...
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