PREMIÈRE LEÇON
Table des matières Dispositions préliminaires.
LA première partie de la première leçon sera donnée de pied ferme. Elle est destinée principalement à la posture du cavalier; on doit donc y porter toute l'attention possible.
On choisira d'abord de préférence les chevaux les plus vieux et les plus sages, qui seront sellés et en bridon, afin que l'écuyer puisse toucher le cheval et l'homme sans crainte d'accidens, et pour que le cavalier puisse placer toutes les parties de son corps sans que ses mouvemens inquiètent le cheval. Tout ce qui sera dit pour cette première partie de la première leçon, sera expliqué de pied ferme.
On ne doit donner, pour les commençans, que le gros bridon, de peur qu'en plaçant le buste et les bras, le cavalier n'imprime un effet trop fort sur la bouche du cheval, ce qui arrive même quelquefois, telle précaution que l'on prenne à cet égard. Le bridon sert aussi à enseigner à l'élève l'effet particulier de chaque rêne, avant de le faire passer au travail en bride.
Se préparer à monter à cheval.
Le cavalier se présentera au manége avec une gaule ou cravache. L'écuyer lui désignera un cheval, qui sera tenu par un palefrenier tout le temps qu'on donnera cette première partie de la leçon. L'élève prendra la gaule dans la main gauche, le petit bout en bas, se présentera faisant face à la tête de son cheval, afin que le cheval le voie et ne s'effraie pas; ensuite, pour se porter au côté montoir, il fera deux pas en partant du pied droit, un à-gauche sur la pointe du pied gauche, qui le placeront auprès et vis-à-vis l'épaule du montoir, en observant que le premier pas doit se faire un peu en obliquant à droite, pour ne pas rencontrer le corps du cheval; arrivé à l'épaule du cheval, le cavalier le flattera un peu de la main droite sur l'encolure, et touchera aussi sur la selle pour lui donner de la confiance.
OBSERVATIONS.
Ce premier principe de se porter à la tête du cheval ne serait peut-être pas aussi nécessaire avec les chevaux destinés aux premières leçons, d'après le choix que nous venons de conseiller; mais c'est un principe qu'il faut faire prendre de bonne heure à l'élève, afin qu'il en conserve l'habitude avec tous les chevaux, et particulièrement avec les jeunes, lorsqu'il sera assez fort pour en monter.
On donne également les principes comme si le cheval n'était pas tenu, afin que l'élève connaisse les moyens qu'il devra employer lorsqu'il montera le cheval en liberté.
Monter à cheval.
L'élève saisira l'extrémité supérieure des rênes de la main droite, les élèvera jusqu'à ce qu'il sente une légère et égale résistance des deux rênes. Cette résistance égale des deux rênes a pour principe de maintenir le cheval droit, l'empêcher de se porter en avant, et d'ajuster les rênes, en évitant que cette résistance ne produise un effet capable de faire reculer, pointer ou renverser le cheval. Le cavalier approchera ensuite la main gauche de la droite, passera le petit doigt de la main gauche entre les deux rênes, les trois autres doigts sur la rêne droite et le pouce dessous la rêne gauche; il descendra dans cette position cette main jusque sur l'encolure du cheval, en soutenant toujours les rênes de la main droite pour les contenir égales. Le cavalier fermera ensuite les doigts de la main gauche, jettera doucement de la main droite le bout des rênes à droite, puis de cette main il préparera une poignée de crins qu'il fera entrer dans la main gauche en commençant par le petit doigt et observant que les doigts doivent s'ouvrir et se fermer successivement pour recevoir les crins, de manière qu'il y ait toujours une partie des doigts qui contienne les rênes et la cravache , tandis que l'autre partie reçoit les crins qui commencent, comme on vient de le dire, à entrer dans la main gauche par le petit doigt qui s'ouvre d'abord, puis se ferme; ensuite par le troisième, qui exécute le même mouvement, et ainsi de suite. Dans cette position la main gauche qui, comme on le voit, tient les rênes, la gaule et les crins, doit encore être prête à arrêter le cheval dans le cas où il se porterait en avant. Pour cet effet, les rênes ne doivent être, pendant ce mouvement, que très-légèrement flottantes, de manière que si le cheval remuait ou se portait en avant, le cavalier, sans abandonner les crins, puisse, en tournant un peu la jointure des doigts en l'air, faire prendre une légère tension aux rênes, pour maintenir le cheval en place. On aura soin, dans ces mouvemens, que le cavalier ne s'éloigne pas du cheval. Il prendra ensuite de la main droite l'étrivière par le haut, descendra la main jusqu' au tenon de l'étrier en tournant l'étrivière sur son plat, et maintiendra l'étrier par son tenon pour y chausser le pied .
Le cavalier contient l'étrier par son tenon, afin qu'il ne touche pas le corps du cheval lorsqu'il y mettra le pied. Il chaussera le pied gauche dans l'étrier jusqu'au tiers, appuiera le genou gauche contre le corps du cheval, et tiendra la jambe perpendiculaire au genou, de peur que le pied n'aille sous le corps du cheval, ce qui l'inquiéterait et jetterait le corps du cavalier trop en arrière et lui pencherait la tête trop en avant, position vicieuse qui gênerait le cavalier et l'obligerait, pour s'enlever sur l'étrier, à employer une force qui dérangerait le cheval, ou pourrait faire tourner la selle.
Lorsque le cavalier aura chaussé l'étrier, il portera la main droite sur le derrière de la selle, le pouce en avant et les quatre doigts en arrière; ensuite il pliera un peu le genou droit pour s'élancer du pied droit en élevant le corps d'aplomb sur la jambe gauche jusqu'à ce qu'elle soit tout-à-fait tendue. En s'enlevant sur l'étrier, pour le faire avec assurance et légèreté, il doit en même temps s'aider des mains en tirant sur les crins et en appuyant la main droite sur le derrière de la selle, rapprocher la jambe et la cuisse droite de la gauche, en conservant la ligne d'aplomb sur la partie gauche.
Lorsqu'on aura bien fait concevoir à l'élève comment il doit arriver et se maintenir sur l'étrier, avant de passer la jambe droite pour se mettre à cheval, on lui fera quitter la main droite du derrière de la selle pour la lui faire placer sur la batte droite, le pouce en avant et les quatre doigts en dedans; il passera alors la jambe droite tendue par-dessus la croupe du cheval en évitant de la toucher, et arrivera ainsi légèrement en selle. L'appui de la main droite sur la batte droite, contribue beaucoup à faire arriver le cavalier moelleusement en selle, et soutient la partie droite du cavalier, qui n'ayant plus son point d'appui sur l'étrier gauche, perd un instant la ligne d'aplomb qui avait été établie sur cet étrier. C'est en effet au moment où la jambe et la cuisse du cavalier s'élèvent pour passer par-dessus la croupe du cheval, que l'appui de la main droite sur la batte droite, vient au secours de cette partie jusqu'à ce que le cavalier soit arrivé en selle .
Lorsque le cavalier sera en selle, il quittera les crins de la main gauche, en maintenant toujours de cette main les rênes et la gaule; ensuite, pour placer la gaule dans la main droite, il la saisira avec le pouce et le premier doigt de cette main, le petit doigt en l'air, dégageant de la main gauche le gros bout de la gaule de toute l'étendue qu'il doit, tenir dans la main droite; puis la reprenant à pleine main, il la sortira entièrement de la main gauche pour la passer à sa droite, le petit bout en haut et un peu incliné en avant. Il faudra faire déchausser l'étrier gauche, et le faire relever sur l'encolure, avant de s'occuper de la position des rênes.
Position des rênes du bridon dans chaque main.
Une rêne du bridon dans chaque main, les quatre doigts fermés, lé pouce allongé sur chaque rêne pour les contenir égales; l'extrémité supérieure des rênes sortant de la main vers le pouce; les mains placées à environ quatre pouces au-dessus des battes, à six du corps, et éloignées d'autant l'une de l'autre.
On voit que je n'entre pas dans de grands détails sur la position des rênes, il ne serait pas conséquent de fixer définitivement la position des mains du commençant, avant d'avoir établi sa position.
De la position du cavalier.
L'assiette du cavalier étant la base et la partie la plus essentielle à sa pose, à sa sûreté, à la grâce et à la justesse de tous les mouvemens qu'on doit lui faire exécuter, il est important de la bien établir. Mais il importe avant tout que l'instructeur dont le coup-d'oil est exercé, s'applique à bien juger des moyens que la nature a donnés à l'élève pour le placer sur son cheval, d'une manière solide, libre et agréable.
Il faut donc commencer par l'assiette qui est la base fondamentale en équitation de la pose du cavalier sur son cheval.
L'assiette du cavalier est composée principalement de la partie inférieure des fesses: on donnera beaucoup d'étendue à cette partie destinée à supporter le corps du cavalier, et l'on fera porter le plus de points possible sur la selle, en s'approchant près du pommeau.
Pour que les fesses aient beaucoup de points portant sur le cheval, on préviendra l'élève de bien relâcher ses muscles pour qu'ils...