TRAITÉ DE PHOTOGRAPHIE OPÉRATOIRE
Table des matières Le Verre et la Glace.
OBSERVATIONS.
La glace est le meilleur des supports du collodion; le décapage s'opère rapidement et parfaitement. Elle est plane, et, si le négatif est parfait de finesse et de pureté. le positif sera, aussi, parfait de tous points.
Le verre n'a, sur la glace, que l'avantage du bon marché; car, quels que soient le choix et le prix, il est toujours légèrement ondulé et poreux; de là, difficulté du nettoyage et impossibilité souvent d'obtenir, avec, un négatif plein de fermeté et de finesse, un positif semblable: la pression du châssis-presse ne pouvant s'exercer également.
Nettoyer la glace.
PREMIÈRE OPÉRATION.
A l'aide de la boîte-tamis, mettez sur la glace de la potée rouge ou protoxide de fer, et5à6gouttes d'acide nitrique. Avec un tampon de linge promenez cette pâte sur le verre pendant une minute.
Avec un second linge, essuyez les épaisseurs du verre, et ce premier frottis, fortement et de manière à sécher parfaitement la glace.
Avec un troisième tampon propre et quelques, centimètres cubes d'éther, frottez de nouveau le verre jusqu'à ce que toute humidité ait disparu, ce qui n'est pas long et ce dont on s'assure en condensant la vapeur de l'haleine sur le bon côté. Si, vue par transparence, la buée ne forme ni taches, ni rayures, ni aspect graisseux, la glace est propre, on doit l'enfermer dans une boîte. Elle conserve sa propreté pendant plusieurs jours. C'est une erreur de retoucher à la glace au moment de la mettre en ouvre.
OBSERVATIONS.
L'alcool, l'ammoniaque, l'eau même, peuvent concourir au décapage du verre, et, faute d'acide nitrique, on pourrait assurément avoir recours à un autre liquide; mais l'opération serait moins prompte et moins finie, moins certaine. Du reste, quel que soit le moyen employé, si la glace est couverte d'une image, il faut l'enlever-d'abord avec de l'eau si le cliché n'est pas verni, avec de l'ammoniaque s'il est vérni. On répand quelques grammes de ce liquide sur un des clichés et l'on colle l'autre dessus; en quelques secondes, la couche peut être enlevée parfaitement. De tous les systèmes de nettoyages, le plus rapide est celui que nous donnons. Trois tampons distincts, qui peuvent servir une journée entière, suffisent si on ne les salit pas avec les mains; le dernier qui doit finir est meilleur après quelques glaces polies: il contient plus d'éther. Dix minutes suffisent au polissage complet et parfait d'une normale.
Collodionner la glace.
DEUXIÈME OPÉRATION.
Enlever la poussière avec un fort pinceau. mettre le collodion sur un angle, en le versant par un petit filet continu, jusqu'à ce qu'on juge qu'il y en a assez; couvrir la glace du liquide en inclinant la main de manière à l'amener sur toutes les parties sans se précipiter, sans acoup et surtout sans toucher le doigt; recevoir l'excès dans le flacon en y posant l'angle de la glace. Avant que les dernières gouttes soient tombées, incliner la glace de droite à gauche et la ramener sur la verticale, afin que ce liquide qui se fige, ne se fixe pas sur ses rides diagonales. La glace étant dans cette position, avec le revers du doigt s'assurer que le collodion est presque sec; plonger alors la glace dans le bain, d'un seul coup, en soulevant la cuvette, de manière à amener le liquide dans le bas, pendant qu'on met la glace dans le haut, laisser tomber la cuvette soulevée, qui, dans ce mouvement, ramènera le bain rapidement et couvrira le collodion, Agiter le bain en faisant subir à la cuvette un mouvement de basculage. Ce bain passant ainsi et repassant aura plus tôt enlevé l'aspect huileux qui couvre la couche, et lorsque, vu à jour frisant, cet aspect aura disparu, soulever la glace avec un crochet et la saisir par un angle avec un morceau de papier buvard. Laisser égoutter un instant et la mettre dans le châssis.
Exposition dans la chambre noire.
TROISIÈME OPÉRATION.
Il est bien entendu qu'avant de mettre la glace en ouvre, on a dû préparer une chaise, un appui-tête, une table, etc., tout un petit mobilier, qui encadre et remplisse le fond; on a dû également donner la première plisse le fond; on a dû également donner la première direction à la chambre noire, placer le modèle et déterminer la pose. Ces précautions sont surtout nécessaires en été où, par un trop grand retard, la couche impressionnée pourrait se présenter trop sèche sous l'agent révélateur.
Cela fait, placez le modèle très-exactement au foyer sur la glace dépolie, et de telle sorte que l'ensemble lui-même soit également au foyer, ce que vous obtiendrez en plaçant le corps du modèle presque de profil, pendant que la tête sera de trois quarts.
Enlevez la glace dépolie et remplacez-la par le châssis porte-glace. Faites poser le modèle pendant, un temps que votre expérience personnelle peut, seule déterminer; craignez moins de prolonger ce temps que de le tenir insuffisant.
Lorsque le temps, de la pose vous a paru suffisant, fermez le volet, retirez le châssis de la chambre, rentrez dans le laboratoire, et procédez au développement de l'image.
OBSERVATIONS.
Nous devons nous borner à propos du temps de pose à quelques indications que l'opérateur intelligent saura bien approprier à tous les cas qui se présenteront dans sa pratique.
En pleine lumière directe, avec un objectif à portrait, on peut obtenir instantanément tous les objets à grande distance. Avec l'objectif à paysage et diaphragmé, on peut également saisir, en quelque sorte, au passage, les ciels nuageux, la mer, les vagues, les vaisseaux, etc.
En rapprochant les distances, mais en pleine lumière diffuse et avec l'objectif double, ou peut aussi obtenir, à l'instant, même, un portrait en pied, de quelques centimètres de hauteur, tandis qu'il ne faut pas moins de3 à4secondes, pour un portrait plaque normale dans les mêmes conditions de lumière. Un monument blanc ou de couleurs claires peut, être reproduit en20secondes avec l'objectif simple fortement diaphragmé. Le paysage vert demande40secondes, la gravure, 3, 6ou10minutes, suivant la distance de l'objectif au sujet, et en vertu de cette loi, que la couche sensible est d'autant plus rapidement impressionnée que l'on opère à une plus grande distance du sujet, et d'autant plus fortement que le sujet est plus lumineux.
Quel que soit le temps de la pose, la couche sensible a été décomposée plus ou moins, et l'agent révélateur amènera l'image à un point plus ou moins près de la perfection. Si le temps de la pose n'a pas été assez long, l'image sera très-noire sur les parties lumineuses du modèle, et ne sera pas venue dans les parties noires. Si, au contraire. l'image est restée grise dans les parties blanches, ou si elle est grise également partout, c'est que le temps de la pose aura été dépassé.
De toutes ces opérations, la plus difficile est, certainement, l'appréciation du cliché. Un cliché, pour être parfait, doit venir inversement, du même ton que le modèle. Le haut du front, la côte du nez, la pommette de la joue, en un mot, toutes les parties éclairées doivent être presque noires, et les autres parties, dans des tons relatifs, c'est-à-dire inverses, d'ombre et de lumière. L'habit le plus noir doit accuser des détails dans ses parties les plus ombrées. Du reste, à la première épreuve positive qu'il fera. l'opérateur s'apercevra des défauts de son cliché. Si son cliché est faible, la figure sera grise, sans éclat, sans modelé; les habits seront sans détails et sans relief.
On peut quelquefois remédier à la faiblesse d'un cliché, même après qu'il a tiré des épreuves. Il suffit pour cela de le mouiller et de le soumettre de nouveau à la solution d'acide pyrogallique mêlée d'argent, si toutefois le cliché n'a pas été verni.
Développer l'image.
QUATRIÈME OPÉRATION.
Dans un flacon à large ouverture, mettez une solution décantée ou filtrée de sulfate de fer ammoniacal et répanez-la immédiatement, sans temps d'arrêt sur la couche: maintenez cette solution sur la glace en la tenant horizontalement, mais en inclinant légèrement la main de auche à droite, afin que le liquide agisse encore également pendant une minute ou deux.
Au bout de ce temps, le révélateur n'agit plus sur l'image; rarement, aussi, est-elle complète, à moins d'un temps de pose exagéré
Si donc l'image est trop faible, il faut la renforcer. A cet effet, lavez l'épreuve jusqu'à ce qu'elle n'ait plus l'aspect huileux.
Renforcer l'épreuve négative.
Mettez environ30centigrammes de solution d'acide pyrogallique dans un vase à bec, et à peu près3centigrammes solution de nitrate d'argent; tenez la glace horizontalement et répandez le liquide sur la couche, de telle sorte que la surface en soit couverte entièrement et sans temps d'arrêt. Maintenez la glace ainsi, mais en inclinant de droite à gauche comme précédemment, afin que le liquide agisse également partout; versez le liquide dans le vase, regardez l'épreuve par transparence et continuez de reverser ce même liquide sur...