Schweitzer Fachinformationen
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Il était seize heures et en cette fin septembre, un soleil de plomb inhabituel écrasait de ses rayons puissants cet antique cimetière laissé à l'abandon quelque part dans la Creuse, non loin de Crozant.
Offrant un spectacle de désolation, les trop nombreuses tombes abandonnées depuis fort longtemps affichaient pour beaucoup d'entre elles un écriteau dérisoire du genre « Concession disponible - voir en mairie ». Un petit muret de pierre haut d'à peine un mètre et envahi par un lierre galopant entourait cet espace fantomatique. A gauche, une chapelle vieille de plusieurs siècles invitait au recueil les rares visiteurs daignant venir rendre un hommage aux occupants perpétuels du lieu.
En ce milieu d'après-midi, debout sur ces gravillons chauffés à blanc, Max Lagardère avait du mal à rester stoïque. Comment pouvait-on mourir par une si belle journée ?
Franck Lacornie avait émis de son vivant la volonté de voir ses cendres déposées sous cette dalle de béton fendue de toutes parts et rachetée il y a quelques semaines seulement, comme s'il savait sa mort imminente. En homme prévoyant, notre défunt ne laissait pas de place au hasard. Tous ses choix avaient un sens, correspondaient à un besoin immédiat ou à venir.
Max Lagardère qui faisait à son insu, partie intégrante du plan final, ne saisissait pas pour l'instant la démarche énigmatique de ce lointain ami. Il pensa surtout qu'être enterré ici vouait ce dernier à un oubli certain.
Mais, au-delà des apparences, quelle était donc la véritable raison de sa présence sur ce bout de terre aride, figé devant ce carré de terre fraîchement remué par la bêche du marbrier sollicité pour la circonstance.
Il y avait là un message qu'il lui fallait déchiffrer. Tous ses sens étaient en alerte, aiguisés au possible. Il devait observer, à défaut de pouvoir comprendre dans l'immédiat.
Cela ne pouvait pas expliquer autrement l'appel insistant de cet homme aux abois et cette promesse arrachée au téléphone sous le signe de l'urgence.
Comme à son habitude, Max avait accepté d'instinct sans trop savoir où son acquiescement le mènerait et aujourd'hui, il assistait dans la plus grande confusion à l'enfouissement des restes calcinés du corps d'un homme dont il ne savait pas grand-chose et qui appartenait à un passé vieux de quelques vingt années.
Dans cette ambiance kafkaïenne où Dieu n'était pas à son avantage, il laissa son esprit vagabonder et se rappela ce garçon frêle et taciturne rencontré dans les couloirs de la Fac de Pau lors de leur inscription en première année de Droit en 1990.
Que ce temps était loin. Il entamait la fin de ses dixneuf ans lorsqu'il fit la connaissance de Franck Lacornie et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux-là s'étaient liés d'amitié d'instinct.
Chacun occupant une chambre d'étudiant, ils se retrouvaient chez l'un ou chez l'autre, souvent entourés d'une bande de copains. À cette époque, l'insouciance régnait en maitre et les études passaient parfois au second plan, mais Max avait réussi à obtenir son diplôme malgré toutes les frasques commises.
Puis, le temps passant, ce dernier avait repris sa route jusqu'à perdre son ami de vue définitivement.
Il se rappela que son correspondant lui avait laissé entendre que sa présence sur le site était cruciale pour la sauvegarde de l'espèce humaine avant que lui-même ne disparaisse à jamais sous cette plaque de peu de valeur rongée par le temps.
Le détective privé s'était exécuté sans se douter un seul instant qu'il venait d'être investi d'une mission de la plus haute importance.
Il sentait bien en son for intérieur que le défunt allait occuper une grande partie de son avenir immédiat,
En fait, Franck Lacornie était un ex-flic spécialisé dans l'espionnage industriel qui avait fait son temps au sein des services spéciaux du Gouvernement. Enfin, « ex », il fallait le dire bien vite. Peut-on si facilement se faire oublier d'un tel Service ? Rien de moins sûr au vu des causes de son décès.
Qu'avait-il découvert d'important pour qu'il soit éliminé de façon si brutale ?
Max ignorait tout de l'environnement professionnel de celui qui sollicitait son aide de façon si impérative.
Ce qu'il savait, c'est que l'intéressé était décédé au volant de sa voiture à Guéret, ce qui justifiait par là-même la crainte que son interlocuteur avait exprimée lors du message téléphonique laissé quelques temps auparavant sur le répondeur de l'agence de recherches quimpéroise « Leroux et Cie ».
Profondément immergé dans ses pensées, Max fut ramené à la réalité lorsque quelques subtils effluves poivrés lui chatouillèrent les narines, senteurs émanant d'un parfum qu'il connaissait bien pour être celui d'Amandine, sa compagne.
Il n'était pas rare qu'il s'évade ainsi : ses absences lui semblaient parfois une éternité alors qu'elles ne duraient que quelques fragments de secondes. Pas plus tard que ce matin, tandis qu'il roulait sur l'autoroute, il avait décroché. Son cerveau était ailleurs alors que ses yeux le guidaient au milieu de la voie sur laquelle son véhicule se déplaçait.
Phénomène assez étrange voire incompréhensible s'il en était. Il n'avait aucune explication bien que cela lui arrivât assez souvent malgré tout.
Effaçant toutes les images que sa mémoire repoussait jusqu'aux abords de son subconscient, il reprit contact avec la réalité.
Étonné, il tourna ostensiblement la tête sur la gauche. Dans son champ de vision apparut alors une jeune femme tout de noir vêtue. Son visage recouvert d'une discrète voilette laissait voir des traits angéliques entourés de cheveux bruns impeccablement taillés au carré. Elle se tenait légèrement en retrait par rapport à lui, figée dans une attitude digne tout en semblant fixer un point lointain situé au milieu des arbres recouvrant l'une des petites collines environnantes.
C'est là qu'il commença seulement à décortiquer le paysage au centre duquel il se trouvait.
Totalement isolé du reste de la commune, ce cimetière fantôme avait été érigé en haut d'un vaste tertre. On y accédait par un étroit chemin empierré, seule voie d'accès possible. D'énormes buissons de ronces hauts de deux mètres pour certains rendaient la fuite impossible sur trois de ses côtés. Le guet-apens idéal en fait dans lequel il s'était jeté tête baissée. On aurait bien pu l'occire à la mitrailleuse que personne n'en aurait rien vu ni entendu.
Curieux, Max suivit la trajectoire du regard de sa charmante voisine.
Au loin, un éclat de lumière intermittent semblait délivrer un incompréhensible message en morse. De multiples explications auraient pu venir éclairer cette vision, mais Max, en expert averti pencha pour le reflet du téléobjectif d'un appareil photo ou pire celui de la lunette d'un fusil pointé dans leur direction.
Tétanisé, il pensa que le soleil qui tapait fort le rendait paranoïaque. Ce scénario était tout simplement impossible, digne d'un mauvais roman.
En tout cas, il n'en voyait pas la raison.
Il regarda à nouveau discrètement la jeune femme qui se tenait face à la sépulture. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Quarante ans tout au plus et ne semblait pas spécialement peinée, se comportant plus en observatrice polie qu'en veuve éplorée.
Max sentait bien l'anormalité de la situation sans arriver à en déchiffrer les codes. Dans un rapide mouvement d'aller-retour, elle tourna alors la tête vers lui et le fixa brièvement avec dans les yeux, le reflet indéfinissable d'un éclair métallique inquiétant.
Ce qui le frappa d'emblée, c'est cette hétérochromie fascinante. Ses iris de couleurs différentes, oscillaient pour chacun d'entre eux entre le bleu, le gris et le vert.
De quoi la reconnaître entre mille s'il recroisait son chemin.
À...
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