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Les communautés humaines, qu'elles soient régionales ou nationales, ont eu et ont tendance à rattacher leurs identités à des mythes ou des récits collectifs. Ce besoin ontologique de distinction sera l'un des facteurs retenus pour définir et délimiter les « aires culturelles ». Wissler (1917, 1923 et 1926) fondait le regroupement des communautés humaines sur la base d'un ensemble de traits communs à partir desquels les cartes culturelles pouvaient être dressées. Les ethnologues diffusionnistes vont s'approprier l'idée d'« aire culturelle » à la fin du XIXe siècle et au début du XXe en partant, écrit Claval (2000 : 72), du principe que chaque innovation était née dans un foyer à partir duquel elle s'était répandue. Les approches inspirées de Wissler1 seront notamment contestées par Kienle (2014 : 50-51). Cet auteur estime que tracer les frontières entre aires, zones ou espaces physiques en partant des traits culturels considérés comme distinctifs et pertinents est analytiquement plus fin, mais moins astucieux. L'un des premiers problèmes de cette démarche est la sélection des traits culturels considérés comme pertinents, le second, les bonnes (ou mauvaises) raisons informant ce choix, le nombre des traits potentiellement pertinents étant en principe infinis.
Ont souvent été retenus une langue, ses variétés ou ses dialectes, la religion, la mode ou encore l'art culinaire. Les variations intra-/interlinguales peuvent être plus ou moins importantes. Il arrive très souvent qu'une religion entretienne des communautés pratiquant des cultes différents. Certains vêtements échappent à toute tentative de catégorisation ou de rapprochement. Un même plat peut se cuisiner différemment lorsqu'on passe d'un groupe à un autre, d'une communauté à une autre. D'autres difficultés apparaissent lorsque les membres d'un même groupe pratiquent des religions différentes, s'habillent ou mangent autrement. Dès lors,
en quoi serait-il plus approprié de tracer la frontière entre musulmans et non-musulmans qu'entre Arabes, c'est-à-dire arabophones, et non-Arabes ? Faut-il distinguer entre juifs, musulmans et chrétiens, ou faut-il distinguer entre les adhérents aux « religions du livre » et les autres ? Ou pourquoi ne pas chercher en cuisine et distinguer entre ceux qui mangent des saucisses et ceux qui n'en mangent pas ? Les Allemands se trouveraient non seulement du côté des Lyonnais et des Toulousains, mais également des Libanais et des Turcs, dont les maqaniq (makanek) et sujuk (sojok) valent bien les saucisses de Montbéliard et de Francfort. (Kienle, 2014 : 51)
Qui plus est, et Abouna (2020) l'a souligné pour le cas du Cameroun, les logiques de la dé-territorialisation et de la re-territorialisation font qu'il existe de nombreuses diasporas « ethniques », parfois assimilées. Se pose également le problème de l'hybridité, très souvent ignorée. Kienle (2014 : 52) se demande alors ce qu'il adviendra « des marches, des marges, des marginaux, des bilangues ou des syncrétistes ». Si pour des raisons pratiques il faut, malgré tout, découper le monde, l'auteur préfère la subdivision en « aires géographiques ». Celles-ci devraient être délimitées par des critères physiques, plus utiles, car plus neutres et, surtout, purement pragmatiques et de nature de ne pas dresser d'obstacles à la comparaison. Cela suppose un dépassement de la subdivision du monde en régions statiques, fixes et fixées à partir de critères immuables ou critères maîtres (Kienle, 2014 : 58), d'autant que les dynamiques démographiques affectent les « aires culturelles » en encourageant les échanges culturels, la création d'identités transnationales et la transformation des pratiques culturelles.
D'autres auteurs ont souligné la difficulté même à donner à la notion d'« aire culturelle » un contenu satisfaisant. Popa (2015 : 61-62) trouve en effet que la définition des « aires » n'est ni univoque ni dépourvue d'enjeux de qualification. Car si elles sont « culturelles », elles peuvent également être « régionales », « géographiques », comme des « aires de civilisation », voire les « unusual areas2 ». Elle rejoint Kienle en soulignant que la délimitation des « aires culturelles » repose sur des critères pluriels et fluctuants. L'on aboutit donc à une segmentation du monde dont la relative cohérence obéit à des logiques géographiques (Extrême-Orient, Afrique noire), géopolitiques (Europe « de l'Est »), linguistiques (monde « slave », « arabe »), chronologiques (suggérées par le distinguo Russie/URSS ou par l'intitulé « études sur le monde actuel ») ou religieuses (Islam). Ces unités elles-mêmes peuvent aller d'un continent à un pays, une région ou un ensemble d'États.
Quelle approche retenir donc pour (re)modéliser les « aires culturelles » au Cameroun ? Trois entrées sont possibles : sociogéographique, géographique et interdisciplinaire. La première se fonde sur la similarité entre les cultures, les coutumes et les modes de vie. Elle intègre donc les aspects linguistiques, anthropologiques, sociologiques et économiques. La seconde suggère de partir des caractéristiques des zones de peuplement dans la mesure où ils conditionnent l'existence des critères de la première. La troisième enfin est une synthèse des deux précédentes, à laquelle il faut ajouter l'histoire. Nous estimons toutefois qu'il serait plus convenable, en partant de l'approche géographique, d'intégrer les deux autres. L'histoire informera sur l'occupation de l'espace encadrée par les frontières du pays, les causes et les enjeux des migrations cristallisées pendant la conquête de l'hinterland engagée en 18843, les tendances anthropologiques consécutives à ces migrations dans la mesure où elles ont occasionné des contacts entre des communautés non apparentées ou provoqué l'éclatement d'autres groupes. L'organisation et les pratiques sociales sont de nature à renseigner sur les traits communs entre les fonds culturels, même si sous l'influence des tendances assimilationnistes liées à la religion (christianisme et islam) et au fait colonial (germanisation, francisation et anglicisation), des différences sont perceptibles. Les tendances anthropologiques sont en mesure, d'une part, de devenir des tendances linguistiques et, d'autre part, les langues et les variétés linguistiques peuvent éclairer les choix et permettre de proposer une classification peu globalisante comme c'est le cas actuellement.
D'autres facteurs font que toute division du Cameroun en « aires culturelles » ne peut revêtir qu'un caractère pratique :
- Les tendances anthropologiques consécutives aux dynamiques migrations sur le futur territoire de la République : pendant la période précoloniale, elles avaient abouti au métissage, à l'absorption, à la juxtaposition, la scission et la dispersion.
- Les déplacements massifs des populations pour des travaux forcés pendant la colonisation allemande et l'exode des transfuges déterminés à y échapper : ils sont nombreux à n'avoir pas rejoint leurs foyers de base.
- Les déplacements internes pendant la période française, après la levée du régime du laissez-passer4 : ils ont, par exemple, abouti à la reconfiguration socioanthropologique des zones comme le Moungo et des deux principaux centres urbains qui se développaient alors (Douala et Yaoundé).
- La détribalisation signalée par les archives coloniales dès 1953, résultats des déplacements internes et des mariages mixtes.
Il est, et cela va de soi, difficile de fixer, sauf à partir d'une époque récente, les populations camerounaises sur les zones d'occupation d'origine. Soulignons également que les mouvements des...
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