Les théories poétiques à l'époque symboliste (1883-1896)

Au confluent des influences de Verlaine et de Mallarmé, le Symbolisme a révolutionné la conception de la poésie dans les lettres françaises. Le principe de la suggestion («évoquer», «faire penser», «exprimer l'inexprimable») fut son innovation capitale, assortie cependant d'une revendication non moins neuve et essentielle: l'expression subjective de la vision, des émotions, des «états de l'âme» (sur ce plan, les Symbolistes ont fait preuve d'une pénétrante intuition de l'inconscient, dont Freud était sur le point de découvrir les lois). L'invention du vers libre, loin de relever de préoccupations d'ordre purement formel, fut la conséquence logique et nécessaire de cette poétique.
Telles sont les principales conclusions que tire l'auteur au terme d'une analyse systématique des écrits théoriques - et souvent polémiques - publiés par les poètes à l'Epoque symboliste (1883-1896).
Du «wagnéro-schopenhauérisme» aux «mots-valises» de Laforgue, en passant par l'«instrumentation verbale» de Ghil et les réflexions sur les rapports du langage avec les «arcanes du moi», c'est à la découverte des origines tumultueuses de la poésie moderne, en même temps qu'à celle d'une période particulièrement féconde mais mal connue de l'histoire l'histoire littéraire (celle où le jeune Proust écrivit son article «Contre l'Obscurité» et le non moins jeune Gide son moins jeune Gide son «Traité du Narcisse») que nous invite cet ouvrage.