Schweitzer Fachinformationen
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Les Mormons. De son entretien de trois heures avec ceux qui se font appeler très sérieusement les « Saints des Derniers Jours », Olivier a retenu surtout le fait que Jésus a eu une autre vie terrestre après sa mort. Il a en effet été ressuscité au milieu des Indiens d'Amérique. Tout ça a été révélé par un ange, qui a tout mis par écrit sur des tablettes en or. Jésus a des goûts de luxe ! Ça a quand même plus de gueule que les tablettes écrites directement dans la pierre, données par Dieu luimême à Moïse, qui a trouvé le moyen de tout casser quelques minutes plus tard. Même si je ne suis pas sûr que lire des tablettes en or soit vraiment aisé. Mais bon, ça, c'est autre chose.
« Putain, t'imagines pas le délire ! Et les Américains sont des millions à y croire. Il y a un État entier où des villes sont faites de ces chrétiens à l'américaine ! On peut balancer n'importe quoi, maintenant j'en suis sûr : les gens sont naïfs. Les Ricains sont nationalistes, alors Joseph Smith a écrit un roman où il raconte que le Christ a converti lui-même les Indiens. Ça fait plaisir à leur égo. Jésus n'est plus un Juif pour eux, mais un vrai citoyen états-unien ! Du coup, ils adhèrent à mille pour cent ! »
Dans la foulée, Olivier me sort le livre écrit par leur propre prophète, le Livre de Mormon. Il m'y montre les extraits parlant de la fin prochaine du monde. Le livre commence à dater, donc la fin est par définition encore plus prochaine qu'à l'époque. Par contre, les fidèles Saints qu'il a rencontrés n'ont pas du tout utilisé la Bible, mais leur propre nouveau Testament, encore plus nouveau que le Nouveau original ; donc rien à en tirer. On va leur laisser leur Jésus Made in USA. Je me vois mal faire la promotion du peuple américain ; on est trop loin pour ça. Comme on dit dans le monde du journalisme, il faut utiliser le principe du « mort au kilomètre ».
Je vous explique : si dans un article, vous parlez de mille morts à Casablanca, les Français vont s'y intéresser. Par contre, s'il n'y en a qu'un, qui est-ce que ça va concerner ? À peu près personne. Mettez ce mort dans votre ville et hop, votre article va faire un buzz. C'est plus près, alors ça plait. Parler d'un Jésus Américain, si ça convainc là-bas, ici, ça prendra moins, j'en suis convaincu. Alors mettons de côté cette théorie fumeuse et concentrons-nous sur ce que les Français croyants moyens estiment être la Parole de Dieu : la Bible.
C'est donc en ligne, à nouveau, que nous allons chercher nos informations sur la fin du monde selon le Dieu biblique.
En un tour de main, nous trouvons sur des sites évangéliques et jéhoviste les prophéties désirées. J'extrapole les extraits de la Bible pour rédiger mon article. Olivier, quant à lui, rédige un complément à notre journal, avec une image mielleuse à souhait, extraite du splendide courrier de la sympathique Christine, si convaincue que Dieu parle par notre bouche. Voici venir le second numéro du Calendrier divin.
Ça y est, nous existons dans le paysage religieux francophone !
J'envoie un e-mail à nos précédents acheteurs, les satisfaits comme les autres. Ne sait-on jamais, peut-être vont-ils acheter également le numéro 2, afin de se convaincre que nous ne sommes que des imposteurs. Peu importe s'ils nous insultent, le principal est qu'ils passent à la caisse. J'indique dans mon mail que le second numéro de leur journal préféré est enfin disponible, huit pages cette fois, au prix de deux euro cinquante. L'argent collecté servant, bien entendu, à la diffusion du message auprès de tous les peuples de la Terre. Une belle phrase que j'ai trouvée dans l'une des brochures de nos concurrents Témoins de Jéhovah.
Lorsque Christine découvre une grande partie de son courrier reproduit dans le Calendrier divin, elle nous en achète à elle seule dix-huit exemplaires. Elle nous indique par mail que c'est pour le distribuer à son entourage. Avec Olivier, nous discutons longuement d'elle et décidons de contacter pour la première fois en direct l'une de nos fidèles. Pardon, l'une des Fidèles en Jésus.
L'objectif que nous nous sommes fixé avec Olivier : qu'elle écrive, elle aussi, des passages pour nos journaux. Après tout, son savoir vaut de l'or pour nous, tellement nuls en bondieuseries. Au téléphone, je lui explique qu'elle est pour nous la Déborah moderne. J'ai en fait lu auparavant qu'il y a une prophétesse dans la Bible ; il est facile de faire une relation avec elle, ce que je réalise sans tarder. Afin de la placer tout de même en position d'infériorité, je lui indique que tout écrit qu'elle va nous faire parvenir sera retravaillé, dans le but de valider que cela correspond pleinement au message du Seigneur. Pour être sûr qu'elle ne réclame pas sa part du gâteau, je lui indique également qu'il s'agit d'un « privilège » offert par Dieu à elle seule. Je l'entends pleurer de bonheur à l'autre bout du fil. « Mes prières sont entendues ». J'espère qu'elle va devenir une rédactrice zélée, permettant à Olivier et moi de travailler davantage sur le marketing plutôt que sur le rédactionnel.
En tout, en six semaines, nous avons écoulé soixante-douze exemplaires de notre premier numéro du Calendrier divin et soixante-trois du second. Christine y est pour beaucoup, puisqu'elle a envoyé à toutes ses connaissances un mail, les incitant à acheter ce qu'elle appelle « la nourriture spirituelle » que nous produisons. Étant donné que les impressions et les envois par courrier sont faits depuis le travail d'Olivier, nous avons peu de frais et dégageons un bénéfice en un mois d'un peu plus de deux cent euros. Ça reste faible, ça représente en fait un salaire bien inférieur au SMIC horaire, mais nous nous disons que ce n'est que le début et que ça finira bien par payer.
De son côté, Olivier a obtenu les premières informations sur la légalité : il faut impérativement que nous nous installions en association à but non lucratif, selon la loi de 1901. Dès que nous aurons suffisamment d'adeptes, il faudra passer en association cultuelle, version 1905. La différence est nulle physiquement, mais conséquente fiscalement. Car les religions ne paient quasiment pas d'impôts. Les Témoins de Jéhovah, par exemple, ont passé toutes leurs associations de France en associations cultuelles, permettant d'économiser plusieurs millions d'euros rien que sur le territoire national. Et clairement, cela permet aussi de se présenter comme une religion, puisque le tribunal qui décerne ce statut valide le fait que c'est une croyance honorable. Tout du moins, est-ce le discours à tenir, même si ça ne tient sur rien, puisque l'État français ne reconnaît plus aucune religion, car ça en ferait une « religion officielle ».
Nous voici arrivés au cour de l'été et deux mois se sont écoulés depuis la sortie en petites pompes de notre numéro un. Nous avons désormais de grands projets. Il est vrai que le fait que nous ayons vendu cent-dix-huit exemplaires de notre deuxième numéro du Calendrier divin nous donne des ailes. Il faut maintenant finaliser le troisième. Et voir les choses en plus grand.
Avec Olivier, nous instituons ce soir un rite, autour d'une bouteille de Champagne. Dorénavant, nous devons tous les lundis tous deux proposer, chacun, un nouvel outil d'attaque pour augmenter notre part de marché. Cette semaine, je viens avec une prophétie. Olivier, quant à lui, met en route un site Web, afin d'atteindre plus de monde. Nous convenons ensemble que « Fideles-en-Jesus.org » sera un de nos « outils de pénétration » du marché. Ce qui ne manque pas de titiller la mémoire d'Olivier.
« D'ailleurs, François, tu ne m'avais pas promis de jolies adeptes ? J'en vois pas trop la couleur pour l'instant.
- Yep, mais pour cela, il va falloir les rencontrer, tes adeptes. Parce que dans cette première phase, on est plutôt devant l'ordinateur.
- Ça marche. Je prépare un plan d'action pour la semaine prochaine. Objectif : Rencontres ! » Quand Olivier a quelque chose en tête...
Mais avant de...
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